Stéphane Le Foll a annoncé le 27 mai ses derniers arbitrages concernant les modalités d'attribution des aides couplées. La Confédération paysanne regrette qu'il ait choisi la logique de filière et le maintien des productions plutôt que les producteurs (petits, diversifiés, créateurs d'emploi...).
Elle voit dans l'instauration de seuils le « sacrifice de la majorité des paysans au profit d'un petit nombre d'exploitants à gros effectifs ». Elle cite le symbolique exemple de l'aide couplée aux vaches allaitantes qui « ne sera accessible qu'à partir de 10 vaches, sans même que les génisses ne soient réellement prises en compte, mais celui qui a 100 vaches recevra une aide pour chacune ! »
Pour Laurent Pinatel, le porte-parole du syndicat, le seuil intermédiaire de 140 € de la 51e à la 99e vache n'est « pas assez dissuasif pour stopper l'agrandissement ». Il estime que c'est un frein à l'installation d'autant plus préoccupant que ce secteur fait face à un problème de renouvellement des générations. « Et encore, quand nous avons vu le ministère hier soir, il n'y avait pas de plafond. Aujourd'hui, il est à 139 vaches. »
En revanche, il ne s'offusque pas de l'abandon de l'aide à l'engraissement : « C'était bête de donner des aides aux JB qui partent à l'exportation. » Plutôt qu'augmenter les montants de l'aide allaitante, il aurait aimé que cette enveloppe soit récupérée au profit des éleveurs allaitants qui ont moins de 10 VA.
Concernant l'aide laitière, la Confédération paysanne réclamait des plafonds plus bas (20 au lieu de 30 en montagne et 30 au lieu de 40 hors zone de montagne) que ceux annoncés par le ministre. « Nous ne sommes pas loin, pas besoin de crier au scandale », avoue Laurent Pinatel, d'autant que « la majoration d'aide qui semble s'appliquer au nouveaux producteurs et pas seulement aux jeunes agriculteurs est intéressante ».
« Les fermes petites et moyennes diversifiées restent donc les victimes d'une volonté d'aller vers la production de volume, au lieu de mettre en œuvre une politique qui permette que des paysans vivent nombreux sur leur territoire et produisant une alimentation de qualité. »
Le syndicat voit tout de même un point « positif » dans ces annonces : l'aide aux légumineuses, « même si elle reste encore à préciser, devrait permettre de favoriser l'autonomie des fermes, et donc de réduire la dépendance à l'alimentation animale importée ». Il attend aussi beaucoup de la transparence Gaec, même si « des zones d'ombre » persistent.