Au cours des trente dernières années, des métiers « mixtes » sont devenus « à dominance masculine », comme celui d'agriculteur, indique une étude du ministère du Travail (Dares) publiée le 13 décembre 2013.
Cette masculinisation du métier d'agriculteur s'explique par le « déclin, dans le secteur rural, des emplois d'aides familiaux essentiellement féminins », soulignent les auteurs de l'étude. « En effet, la part des conjointes des agriculteurs a sensiblement diminué dans les exploitations, les femmes d'exploitants exerçant aujourd'hui plus fréquemment un autre métier. Cela explique par ailleurs la diminution de la part des femmes parmi les agriculteurs. »
Pour que les métiers soient répartis équitablement entre les sexes, « il faudrait qu'au minimum 52 % » des femmes [ou des hommes] changent d'activité, souligne cette enquête qui se fonde sur des données de 2011. La ségrégation est plus forte dans le privé que dans le public et en province qu'en Ile-de France (où il faudrait que 43 % de femmes ou d'hommes changent de métier).
En trente ans, la mixité a quand même progressé tandis que la part des femmes dans la population en emploi est passée de 41,7 % en 1983 à 47,5 % en 2011, note l'étude. Mais près de la moitié des femmes (47 %) se concentrent toujours dans une dizaine de métiers : infirmières (elles sont 87,7 %), aides à domicile ou assistantes maternelles (97,7 %), agents d'entretien, secrétaires ou encore enseignantes. Du côté des hommes, la répartition est plus dispersée, les dix professions les plus « masculines » n'employant que 31 % d'entre eux : conducteurs de véhicules (près de 90 % d'hommes), l'armée, la police ou les pompiers (environ 75 %), les ouvriers du bâtiment ou les manutentionnaires.
Au cours des trente dernières années, certains métiers « masculins » sont devenus mixtes, notamment chez les cadres (dans la finance, la fonction publique ou la banque). Mais des métiers mixtes sont aussi devenus masculins, comme celui d'agriculteur, et des métiers mixtes féminins, comme celui de comptable.
L'étude relève que plusieurs facteurs contribuent à cette ségrégation professionnelle, l'éducation ayant « une importance particulière ». Près de 60 % de la ségrégation professionnelle pourrait ainsi être attribuée à une « ségrégation éducative », les femmes étant plus présentes dans les filières littéraires et tertiaires et les hommes dans les filières scientifiques et techniques.
La ségrégation varie aussi en fonction du diplôme, avec globalement davantage de mixité à mesure que le niveau de qualification augmente, les plus hauts diplômes conduisant à des métiers de plus en plus mixtes.
A l'inverse, la ségrégation a augmenté chez les non-diplômés ou titulaires d'un brevet des collèges, les hommes et les femmes étant répartis de manière plus différenciée entre les métiers qu'il y a trente ans.
A télécharger :