Le ministre de la Culture devrait annoncer dans une quinzaine de jours le plan rural contenu dans son programme d'actions intitulé « Culture pour chacun ».
Lors de la réunion organisée par le GMR (Groupe monde rural) sur le thème « Culture et monde rural », Marie-Paule Sans-Chagrin, chargée de mission du tourisme culturel et du milieu rural au ministère de la Culture, a tenté une première explication de ce plan.
« La démocratisation de la culture proposée lors de la création du ministère de la Culture il y a cinquante ans n'a pas atteint totalement ses objectifs », a-t-elle déclaré.
Sans dévoiler le contenu du plan rural, Marie-Paule Sans-Chagrin a expliqué qu'il reposera sur l'analyse des pratiques de terrain pour voir ensuite comment chacun peut, à partir de ses pratiques propres, accéder à une culture partagée.
Karine Gloannec-Maurin, présidente de la Fédération nationale des collectivités territoriales pour la culture, a poursuivi : « Il y a une vingtaine d'années, les conseils généraux ou régionaux proposaient des manifestations culturelles ponctuelles. »
« Aujourd'hui, près de 40 % des communautés de communes ont pris la compétence qu'est la culture. Les projets partent d'initiatives sur les territoires. Au bout de quelques années, ils ont besoin d'une reconnaissance extérieure (Drac, Europe...). C'est à la fois nécessaire pour donner aux porteurs de projets une légitimité et pour les soutenir financièrement ».
Le président des foyers ruraux a demandé de ne pas oublier la part essentielle de la pratique culturelle des amateurs, le rôle premier des associations avant même celui des communes : « Certaines n'accordent pas le moindre euro à la culture. »
Une participante, Christine Bru, a souligné que « plus que l'argent, c'est la créativité des campagnes qui fait émerger les projets. Donnons sa place à la culture paysanne sans à chaque fois plaquer la culture urbaine apportée par les néo-ruraux ».
« A la campagne, il n'y a pas que le spectacle en lui-même. Il y a aussi toute la convivialité qui va autour. Cette pratique d'avant-garde est aujourd'hui reprise en ville », a affirmé Marc Gauchée, essayiste, co auteur du livre « Culture rurale, cultures urbaines ? ».
Selon lui, c'est au XIXe siècle que l'idée de culture rurale a été imposée. Au XXe, elle a été assimilée au patrimoine, au tourisme et au folklore. « Bonne nouvelle, aujourd'hui le ministre parle de culture partagée. Plutôt que de parler de différenciation entre culture rurale et urbaine, voyons les comme complémentaires. »
Un propos repris au vol par René Caspart, de Sol et Civilisation : « La production culturelle, ce n'est pas apporter l'évangile chez les ploucs. Il y a de la vie, de la culture sur les territoires. Mais ils n'ont pas toujours la visibilité méritée. »
Il reste la grande interrogation du financement des initiatives locales comme des plans gouvernementaux en ces temps de crises.