Un nouvel insecticide de la famille des néonicotinoïdes, Proteus, est dans le collimateur de l'Union nationale de l'apiculture française, a-t-elle affirmé, mercredi, lors d'une conférence de presse. Elle réclame également la mise en place d'une lutte collective contre le frelon asiatique qui poursuit sa progression dans l'Hexagone.
Homologué en septembre dernier, Proteus est un insecticide neurotoxique systémique, utilisable en pulvérisation sur céréales, pommes de terre et betteraves, mais c'est l'usage sur le colza, permis jusqu'à la veille de la floraison, qui inquiète les apiculteurs.
« Si le colza ne peut plus être butiné, c'est la disparition programmée des abeilles en zones de grandes cultures », a alerté Henri Clément, président de l'Unaf. Le miel de colza représente 15 à 20 % de la production française et « assure la survie » des exploitations apicoles en zones de grandes cultures.
Par ailleurs, pour la troisième année consécutive, l'Unaf a déposé un recours devant le Conseil d'Etat contre le Cruiser, qui a obtenu en décembre dernier une nouvelle homologation pour un an (au lieu de dix normalement).
« Ces autorisations annuelles conduisent à la multiplication des actions en justice, chaque autorisation étant autonome, a regretté Maïtre Fau, avocat de l'Unaf. De plus, elles ont généralement expiré au moment où le Conseil d'Etat doit statuer. »
Evoquant la question des OGM, l'Unaf a également exprimé ses craintes sur la toxicité potentielle vis-à-vis des abeilles, des plantes transgéniques produisant la toxine Bt. « Cet insecticide synthétisé par la plante est disponible dans l'ensemble des tissus tout au long de la vie de la plante », a souligné Olivier Belval, apiculteur et membre du bureau de l'Unaf.
Recommandant une extrême prudence vis-à-vis des plantes génétiquement modifiées, l'Unaf demande également que les plantes issues de la mutagénèse soient soumises au même règlement que les plantes OGM.
La progression du frelon asiatique constitue un autre sujet de préoccupation pour les agriculteurs. Véritable fléau pour les abeilles et la biodiversité, l'insecte pose également des problèmes de santé publique. Plusieurs décès ont déjà été signalés dans le Sud-Ouest, pour cause d'empoisonnement, et non pas d'allergie, a souligné Richard Legrand, en charge du dossier à l'Unaf. Son caractère défensif affirmé le rend particulièrement agressif et dangereux à proximité de son nid.
Identifié pour la première fois en 2005 dans le Lot-et-Garonne, le frelon a gagné aujourd'hui 27 départements, dont trois foyers isolés de sa zone d'origine (région de Saint-Malo, Bourgogne et Ile-de-France).
Les apiculteurs demandent qu'une lutte collective soit mise en place pour stopper la progression de l'insecte, puis tenter de l'éradiquer. L'Unaf estime que le gouvernement, trop longtemps passif, doit organiser la lutte pour la rendre plus efficace, notamment en organisant des piégeages massifs de femelles fondatrices au printemps.