Publié le mardi 08 septembre 2015 - 19h43
De retour chez eux, les manifestants du 3 septembre relisent les engagements pris à Paris et à Bruxelles. La déception prédomine, mais également la détermination à poursuivre la mobilisation.
En Bretagne
Drapeaux bretons arrimés sur les cabines, pancartes des localités accrochées au-devant des tracteurs... au total, un convoi de près de 150 tracteurs bretons a convergé vers Paris pour la manifestation du 3 septembre organisée par la FDSEA et JA. La délégation finistérienne de 67 tracteurs et 150 chauffeurs a mis un point d'honneur à arriver la première, sur la place de la Nation. Cela faisait plus d'un mois que les hommes s'y préparaient, pour les trois quarts des jeunes agriculteurs. La déception a été d'autant plus grande.
« Des sujets cruciaux pour nous, éleveurs, comme les distorsions de concurrence et la TVA sociale n'ont même pas été abordés », s'insurge Charles Donval, membre de la FDSEA 29 et producteur de porcs. Certains auraient voulu en découdre et défiler sur les Champs-Elysées. Mais il ne s'agissait pas de casser l'ambiance après le formidable accueil des Parisiens et des automobilistes tout au long du trajet. Ni de rompre l'attention des médias nationaux comme BFMTV ou iTélé qui les ont suivis tout au long du périple.
Jeudi en fin d'après-midi, les tracteurs ont repris le chemin du retour. Au total, près de 1.400 km ont été parcourus sans encombre, hormis une crevaison et une vitre soufflée. Les pneumatiques avaient été surgonflés pour éviter trop d'usure. Vendredi soir, l'accueil dans le Finistère a été triomphal. Un comité de soutien de près de 500 personnes et 200 tracteurs étaient présents sur le pont de Morlaix. Haut-lieu des luttes paysannes, le pont avait été exceptionnellement fermé à la circulation. « Fiers de vous », « Merci », pouvait-on lire sur des banderoles. A une heure du matin, ils étaient encore nombreux avec une centaine de tracteurs pour les applaudir à Plouzané, la destination finale. Une soirée riche en émotions. « Cela nous a fait chaud au cœur. Nous avons senti une véritable ferveur dans le département de la part de ceux qui étaient restés sur place, admet Sébastien Louzaouen, président des JA 29. J'ai le sentiment que cette action nous a encore plus soudés. Cela devrait nous aider dans les mobilisations à venir. »
En Normandie
A peine revenus en masse de la manifestation du 3 septembre, la FDSEA et les JA de la Manche annonçaient dès le lendemain, leur départ en nombre pour Bruxelles le lundi 7 septembre. Preuve, s'il en fallait une, que la mobilisation parisienne historique n'a pas éteint l'incendie dans le département le plus laitier de France. De source syndicale, ce sont 150 tracteurs qui ont défilé à Paris aux couleurs de la Normandie le 3 septembre. Mais au retour, se dessine un bilan en demi-teinte.
« Oui, nous avons à peu près réussi à sauver l'année avec un report de charges, admet Arnold Puech d'Allissac, président de la FDSEA de la Seine-Maritime, qui était lui aussi monté à Bruxelles. Mais il faudra bien régler les dettes un jour ou l'autre. Donc non, la mobilisation n'est pas terminée et nous devons poursuivre la bataille autour des prix du lait, de la viande bovine et de la viande de porc. » « Les entreprises dans le collimateur des syndicats majoritaires seront absentes des rayons des supermarchés dans les prochaines semaines », avertit la FDSEA et JA de la Manche.
Samuel Biderre, des JA du Calvados et qui fut l'un des hommes forts du blocage de Caen, explique que « si nous ne pouvons pas passer notre vie en manifestation, il faudra quand même bien veiller à faire respecter les accords du 24 juin ». Ce n'est pas un hasard si c'est la Normandie qui avait mis le feu aux poudres à partir du 19 juillet dernier avec le siège de Caen. Mené face à des représentants nationaux jugés trop attentistes, cette mobilisation traduisait le mal-être d'une région d'élevage fortement laitier, et qui souffrait déjà, depuis deux ans, des prix de la viande. « En ce moment, c'est pour les exploitations lait-viande et les jeunes que c'est le pire », souffle un agriculteur.
En Auvergne-Limousin
Avec plus de 1.000 éleveurs et une cinquantaine de tracteurs qui se sont déplacés dans la capitale jeudi, la mobilisation du Massif central a été forte, en témoignage des difficultés du secteur. « Nous sommes redescendus sur nos exploitations et auprès de nos collègues avec une année blanche pour les annuités d'emprunt avec un report en fin de tableau, une exonération d'impôt foncier et une réduction des charges sociales, explique Patrick Bénézit, président de la FRSEA Auvergne-Limousin. Nous allons être attentifs à une mise en œuvre administrative rapide et efficace de ces mesures à court terme, dont le but est de soulager un peu les trésoreries ».
« Concernant les prix de vente de nos produits, tout va se jouer à Bruxelles, où nous étions le 7 septembre. Les ministres vont devoir se mesurer à une Commission européenne particulièrement hermétique à un relèvement des prix d'intervention. Sur le terrain, nous maintiendrons la pression auprès des outils commerciaux et des filières pour que les accords pris cet été soient respectés. » Le soutien de la population citadine dans un combat jugé « légitime » a été très apprécié par les éleveurs, aussi bien ceux présents à Paris que ceux restés sur les exploitations.
En Picardie et dans le Nord-Pas-de-Calais
Avec entre 1.000 et 1.200 tracteurs et 3.000 personnes au total, le 3 septembre à Paris, la FNSEA et les JA du Nord-Bassin parisien, sont ceux qui ont mobilisés le plus de tracteurs. Le sentiment des uns et des autres après leur retour sur les exploitations est cependant mitigé. « Ce qu'on a obtenu, juste un petit pansement pour l'élevage, rien de concret », regrette un jeune agriculteur de l'Aisne. « On n'a pas eu tout ce que l'on voulait, mais on a ressenti le soutien de la population française tout au long de la route. Le relais médiatique des télés, des radios, de la presse écrite... a bien fonctionné. Ça nous a fait chaud au cœur, reconnaît Jimmy Dewaele, éleveur dans l'Oise. J'espère que ces personnes vont penser à acheter du porc français quand ils seront dans les rayons de leur supermarché ! » Quant aux prix, « nous savions que ça n'allait pas se gagner le 3 septembre. Nous allons suivre le travail du médiateur par rapport aux accords de juin et de juillet et poursuivre nos actions en ciblant les entreprises de la grande distribution et les industriels qui ne jouent pas le jeu », assure Luc Smessaert, président de la FNSEA Nord Bassin parisien.
La manifestation du 7 septembre à Bruxelles a davantage mobilisé les agriculteurs FDSEA et JA du Nord, du Pas-de-Calais et du nord de l'Aisne, avec 270 tracteurs qui ont convergé vers les bâtiments des institutions européennes, lundi matin aux côtés des autres agriculteurs européens en quatre convois. La Coordination rurale du Nord Pas-de-Calais et de Picardie était également présente avec entre 150 et 200 agriculteurs. « Nous avons été satisfaits de voir une mobilisation de très nombreux pays européens, notamment du nord de l'Europe, souligne Jean-Louis Fénart, président de la Coordination rurale du Nord Pas-de-Calais. Mais nous avons été très déçus des annonces faites à l'issue de la manifestation. 500 millions d'euros pour 27 pays, ce n'est rien du tout ! Ce que nous voulons ce ne sont pas des aides mais des prix. Il faut une régulation des marchés, et arrêter avec les surproductions, c'est primordial. »
A.Co. avec les correspondants régionaux
mercredi 09 septembre 2015 - 15h04
Tomimy
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Il serait temps d'ouvrir les yeux.
jeudi 10 septembre 2015 - 16h31
Sur sept milliard d'étres humains nous sommes avec nos soixante millions d'habitants la cinquiéme puissance mondiale. L'Europe est le plus riche des continents. Financièrement nous avons les moyens de changer complétement la politique agricole telle qu'elle est menée actuellement. Pour cela il suffit de changer les hommes qui dirigent et toutes les régles de fonctionnement de l'union européenne. Nos dirigeants nous le font comprendre ils se battent uniquement pour des prix bas dans toutes les productions du monde,et surtout pas pour un prix rémunérateur pour le producteur,donc rien ne changera pour les agriculteurs,il faut en étre conscient. On est loin de l'esprit d'un commerce équitable pour tous. Il est clair que nos dirigeants sont à la solde des transformateurs, afin que ceux ci fassent de gros bénéfices,il faut pour cela que la matiére premiére reste la moins chére possible. Diviser pour régner est la devise de la commission Européenne ne pas l'oublier. C'est pour cette raison qu'il ne faut pas se diviser en se jalousant, entre éleveurs, laitiers,céréaliers, producteurs divers... Au contraire il faut rester tous unis pour se battre et pourquoi pas avec l'aide d'un seul syndicat. La lutte doit s'organiser à une autre échelle, moins contraignante et moins couteuse pour les agriculteurs tout en étant plus efficace. Il suffira pour cela de faire la liste de toutes les actions légales et non dangereuses que chacun proposera et choisir ensuite celles que l'on appliquera. A réaliser dans toute la France et pourquoi pas dans toute l'Europe ces actions pourraient faire bouger nos dirigeants par la géne engendrée dans la durée et les faire céder. Se rappeler GANDHI en Inde par son action non violente il a fait partir les Anglais. Je crois que c'est par la qualité de nos produits que nous pourrons faire évoluer les choses favorablement et gagner durablement les opinions de tous les Européens. Continuer également de garantir la traçabilité de tous les produits,mais pas uniquement Français. Les régles de l'union Européenne et de la mondialisation vont à l'encontre des intérêts de tous les peuples,dans tous les domaines. Il serait urgent et nécessaire de réagir intelligemment pour y remédier. C'est cette pauvreté du peuple,qui est la cause de la révolution Française en 1789