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Article 5 :

Xynthia : priorité à l’évacuation de l’eau

Les dégâts sur les cultures et sur la structure du sol vont essentiellement dépendre de la durée d’immersion.

Les 27 et le 28 février 2010, la tempête Xynthia a en partie dévasté le littoral ouest. C’est principalement la Charente-Maritime et la Vendée qui ont été touchées.

« Un tiers des parcelles étaient des prairies permanentes destinées surtout à la pâture. Sur les hectares restants, près de 40 % étaient semés en céréales et le reste était labouré, en attente des semis de printemps », détaille Jean-Louis Moynier, ingénieur régional à Arvalis dans la Charente-Maritime.

 

De 5 à 25 t/ha de gypse

Les zones les plus proches de la mer ont été les plus affectées par l’ennoiement. Mais la violence de la tempête y a aussi ramené des débris de toutes sortes, ainsi que des dépôts de boues qui exigeront un nettoyage et une restructuration ultérieure.

Sur toute la surface touchée par Xynthia, il faut estimer l’effet mécanique de la lame d’eau. A partir de 50 cm de hauteur, elle provoque des tassements qui nécessiteront une restructuration des horizons de surface.

« Pour cela, il faut attendre que les terres soient ressuyées pour labourer ou sous-soler », indique le spécialiste. « Il est essentiel de retirer le plus rapidement possible l’eau salée et, donc, lorsque c’est possible, de remettre en route les pompes de drainage », soulignent les conseillers sur le terrain.

Les futures précipitations permettront aussi d’évacuer l’eau salée. En fonction du degré de salinité, de 50 à 200 mm peuvent être nécessaires.

En revanche, si les parcelles restent inondées plusieurs semaines, un phénomène de sodicité peut avoir lieu. Dans ce cas, la structure se dégrade et le sol est dispersant, imperméable et peu portant.

Un gypsage sera nécessaire mais les quantités à appliquer dépendront de la teneur en sodium. Environ 5 à 25 t/ha de gypse devront être apportées, la plupart du temps en fin d’été sur des sols bien ressuyés et aplanis.

Une aide compensera certainement en partie le coût de cette intervention mais, vu les quantités nécessaires, l’approvisionnement pourrait être compliqué. Les conséquences possibles sur les céréales en place vont dépendre de la durée d’immersion et du stade des plantes.

« Des céréales au tallage résistent assez bien à six-huit jours d’ennoiement », souligne Jean-Louis Moynier. Un retard égal à la durée de l’inondation devrait être observé, ainsi qu’un faible impact sur le rendement. Quant aux parcelles labourées, maïs ou tournesol prévus devraient encore trouver leur place dans l’assolement.

 

Installer un couvert

Au-delà d’une semaine d’immersion, une réduction de tallage, des pertes de pied ou encore, dans les cas les plus graves, une destruction de la culture peuvent être observées.

Jean-Louis Moynier explique toutefois que « le maintien d’un couvert végétal vivant permettra d’assécher les parcelles en profondeur et de réaliser un éventuel gypsage dans de meilleures conditions ».

Pour les mêmes raisons, sur les parcelles labourées, il est conseillé d’installer une culture. Si l’apport de gypse est nécessaire, le semis devra permettre la libération de la parcelle avant la fin de septembre.

Si ce n’est pas possible, un couvert végétal sera implanté sans être récolté.

 

 

Les espèces plus ou moins sensibles au sel

Le colza et l’orge supportent mieux le sodium que les protéagineux. Le maïs et les blés sont, eux, moyennement sensibles. Toutefois, Arvalis informe que le blé dur devrait être plus affecté que le blé tendre car il a été semé plus tard. 

 

Une campagne d’analyses prévue

L’Inra, les chambres d’agriculture de la Vendée et de la Charente-Maritime, le Cetiom, Arvalis, la FDCéta 17 et les organismes stockeurs présents sur la zone se sont réunis pour constater les dégâts et bâtir rapidement les premières recommandations.

D’autres points d’étape seront réalisés pour orienter sur le choix des couverts à implanter et pour informer sur le gypsage. Une campagne d’analyses prise en charge par les départements va aussi avoir lieu.

« Sur les zones où les niveaux de salinité seront moyens à élevés, un suivi régulier sera ensuite réalisé », informent les partenaires.

 

par Céline Fricotté

(publié le 19 mars 2010)

 

 



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