« S'il n'y avait pas eu le partenariat avec la LPO (Ligue pour la protection des oiseaux) pour réaliser un plan de gestion de l'exploitation afin de ramener la biodiversité, je crois que je n'en serais pas là aujourd'hui car j'étais quelque peu sceptique », confie Éric Rousseau, exploitant et adhérent au réseau Farre, à Paizay-le-Sec, dans la Vienne.
L'étude suggérait de mettre en place des bandes enherbées, l'agroforesterie, des haies ou encore des mares.
« Elle m'a amené a réfléchir, d'autant que j'avais déjà créé une petite mare pour mon fils passionné de pisciculture et observé que la vie s'y réveillait à une vitesse folle. J'ai donc décidé de planter des haies et de créer sept mares sur mes terres hydromorphes », explique l'exploitant.
Pente douce
Eric n'a pas suivi à la lettre les indications du plan et a placé les trous à batraciens sur des points bas, près des passages d'eau, ce qui lui permet de récupérer les alluvions par ruissellement, car ses terres sont sensibles à l'érosion. Il sera donc nécessaire de curer les mares.
Gregory Faupin, qui chapeaute pour la LPO le projet agriculture et biodiversité sur le département de la Vienne, précise toutefois qu'il faut intervenir le moins possible, et seulement lorsque l'épaisseur de la vase est supérieure à la hauteur d'eau libre.
En connexion avec d'autres éléments naturels
Le travail a eu lieu fin juillet 2009, après les moissons et à une période propice à l'utilisation de la pelleteuse. Le coût global de l'intervention (1 500 euros) a été financé par le conseil régional et Eric a récupéré la terre afin de remodeler certaines parcelles.
Les mares ont été placées en bordure de champ et sont presque toutes en connexion avec d'autres éléments naturels comme les bois, les bandes enherbées, les jeunes haies...« Il sera certainement judicieux de réaliser des corridors pour celles qui sont plus isolées », ajoute l'agriculteur.
Les deux grands groupes qui profitent de ces mares sont les batraciens et les insectes aquatiques. Il est nécessaire de disposer d'une pente douce pour qu'ils accèdent plus facilement à l'eau, ainsi qu'une zone hors sec et hors gel.
Plus profonde (80 à 150 cm), cette dernière constitue un abri pour les animaux. La reproduction des grenouilles et autres salamandres a lieu en moyenne de février à avril. « En général, les parcelles ne manquent pas d'eau à cette période », complète Éric.
Les libellules, elles, se reproduisent à partir de mi-avril et ont besoin de plantes « qui vont se mettre en place doucement ».
D'autres espèces (oiseaux, mammifères...) devraient trouver un intérêt à ces plans d'eau. « Comme je suis en travail simplifié, j'ai des soucis avec les mulots et la présence de mares pourrait attirer les hérons, qui sont des prédateurs », constate l'exploitant.
Calcul de SET Mares : 1 ha = 100 m² Les sept mares d'Éric font presque 6 mètres de diamètre. Comme 1 mètre de périmètre correspond à 100 m² de SET, il obtient avec cet élément topographique près de 1,32 ha de SET. Sur ses 200 ha, les plans d'eau représentent donc un peu moins de 1 % de SET mais il a également des bandes enherbées, des fossés, des bois et des haies. |
Dominique Brunet, polyculteur-éleveur à Pleumartin, dans la Vienne : "Les mares sont devenues une priorité sur l'exploitation" « Quand je me suis installé en 1987 en agriculture biologique, les mares étaient déjà présentes. Je n'ai pas pris le temps de m'en occuper ni même réalisé qu'elles se rebouchaient. J'ai réellement compris l'intérêt qu'elles représentaient suite au plan de gestion que la LPO m'a recommandé. J'ai ainsi découvert que les mares étaient une priorité sur la ferme car elles apportaient une biodiversité floristique et faunistique. L'idée d'un travail collectif avec les bénévoles de l'association m'a plu. Nous avons ainsi restauré en partie une succession de trois mares en 2008, puis un autre plan d'eau en 2009. Pour ce dernier, nous sommes intervenus en décembre, avant qu'il ne soit plein. Avec près de vingt personnes, le chantier a duré une journée. Une coupe à blanc a été réalisée au sud pour laisser entrer la lumière. Il faut voir comment va évoluer la mare, mais je vais sélectionner par la suite les essences qui repousseront et qui pourront présenter un intérêt, comme le sorbier pour les oiseaux. Plus au nord, le long de la route, le rideau d'arbres est resté en l'état. Du bois mort a même été laissé sur place car il permet aux salamandres et aux tritons de passer l'hiver sans trop d'embûches. Je suis bien décidé à entretenir mes mares et à finir la restauration des trois sur lesquelles j'observe déjà des changements, comme l'apparition de lentilles d'eau. J'ai en projet de dégager deux autres petites mares. » |
par Céline Fricotté et Cécile Vinson (publié le 29 janvier 2010)
Nos offres d'abonnement
simples ou couplées,
à nos publications
hebdomadaires
et mensuelles
Découvrir nos Offres