Les responsables de la filière viticole bordelaise et des élus ont fait front commun vendredi à Bordeaux contre la «logique prohibitionniste» du volet consacré à la lutte contre l'alcoolisme contenu dans le projet de loi «Hôpital et santé». Ils ont menacé d'une «mobilisation générale» en cas d'adoption.
«Nous n'accepterons pas que le vin soit mis au ban de la société», a prévenu au cours d'une conférence de presse Laurent Gapenne, président de la Fédération des grands vins de Bordeaux (FGVB).
«Le projet de loi (...) restreint fortement l'usage d'internet» selon Laurent Gapenne, et il interdit «de fait la publicité autour du vin sur les moteurs de recherche, portails et sites touristiques, les sites de presse, ou les sites réservés à la gastronomie», a-t-il souligné.
Une telle interdiction bénéficierait «indirectement à l'ensemble de nos concurrents» étrangers, a-t-il ajouté, dénonçant une «politique néoprohibitionniste poursuivie depuis plusieurs années par le ministère de la Santé».
Il a ajouté qu'il contient en outre «une disposition, l'article 24, qui interdit toute dégustation gratuite ou vente au forfait». En fait, la loi souhaite interdire les «open-bars», qui sont l'occasion pour les jeunes de s'imbiber pour pas cher.
«Si les dispositions litigieuses étaient adoptées, nous appellerions à une mobilisation générale et nous nous opposerions par tout moyen à leur mise en œuvre», a-t-il ajouté au côté de parlementaires de tous bords.
«Il faut bien que le gouvernement comprenne que nous sommes à un point de rupture», a estimé le député Jean-Paul Garraud (UMP), reprochant au texte une «formulation trop générale» qui, «pour des juristes mal intentionnés, pourrait amener à interdire les foires viticoles» par exemple.
Le volet relatif à la lutte contre l'alcoolisme du projet de loi portant réforme de l’hôpital et relatif aux patients, à la santé et aux territoires devrait être examiné à partir du milieu de la semaine prochaine par l'Assemblée nationale.
La loi «Hôpital» de Roselyne Bachelot vise notamment à garantir l'accès à des soins de qualité sur l'ensemble du territoire. Le texte après passage au Parlement sera ensuite transmis au Sénat, pour une promulgation prévue à la fin du premier semestre de 2009.
Sarkozy interpellé par le président de la commission en charge du vin de Viniflhor au Sia «Je ne suis pas pour le tout-interdit», a assuré Nicolas Sarkozy à Jérôme Despey, président de la commission spécialisée en charge de la filière viticole de Viniflhor qui l’a interpellé le samedi 21 février au Salon de l’agriculture, à propos du volet relatif à la lutte contre l'alcoolisme du projet de loi «Hôpital». «Nous devons parvenir à une consommation responsable et modérée sans arriver à des solutions d’interdiction totale», a indiqué le chef de l'Etat. Jérôme Despey dénonce la coïncidence de la sortie du rapport de l’Institut du cancer (Inca) le 17 février, indiquant que la consommation du premier verre de vin est un risque pour la santé, au moment de la discussion parlementaire. «Je ne suis pas sûr que cela soit un hasard. Comment peut-on imaginer que cette étude sur la santé publique soit restée dans le placard pendant deux ans, avant d’être publiée?», s’interrogeait-il. «Si c’est un problème de santé publique, je ne comprends pas.» L’Organisation mondiale de la santé n’est pas aussi catégorique sur l’effet négatif du vin. Et le French Paradox milite pour la consommation d’un verre de vin par jour pour lutter contre les maladies cardiovasculaires. |
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