Les ministres européens de l'Agriculture ont voté lundi une hausse des quotas laitiers de 2% pour la prochaine campagne laitière (avril 2008-mars 2009), malgré l'opposition de l'Allemagne et de l'Autriche. La mesure n'a pu être prise qu'à la majorité qualifiée.
Cette augmentation représente 2,84 millions de tonnes supplémentaires qui seront réparties entre les vingt-sept Etats membres. Il s'agit de faire face à la hausse de la demande mondiale et des prix des produits industriels.
«Cette décision reflète la situation favorable sur les marchés européens», a souligné la présidence slovène de l'UE. Elle prépare aussi à un «atterrissage en douceur» avant la suppression des quotas en 2015.
La commissaire européenne à l'Agriculture, Mariann Fischer Boel, estime que «le marché peut tout à fait absorber» la hausse prévue. Il est important d'agir «afin de ne pas voir les prix grimper en flèche comme l'an dernier». Selon elle, une hausse de la production permettrait aussi aux Européens de profiter de l'ouverture de nouveaux marchés pour les produits laitiers en Asie.
Mais l'argument ne convainc pas tous les Etats membres. L'Allemagne et l'Autriche se sont opposées au relèvement des quotas, qu'ils jugent prématuré et potentiellement dangereux. «Une augmentation des quotas dans le contexte actuel est contre-productive» car les prix ont recommencé à baisser, a indiqué à la presse le ministre allemand de l'Agriculture, Horst Seehofer. Selon lui, les tarifs du lait écrémé en poudre ont déjà reculé de 40% depuis l'automne dernier, et ceux du beurre de 35%, une tendance que la hausse des quotas pourrait amplifier, mettant en danger les producteurs les plus fragiles. «Cette hausse est une décision politique erronée», a-t-il conclu.
La France s'est quant à elle abstenue. «Je peux comprendre qu'on augmente très modestement les quotas cette année parce que la demande est là, a justifié Michel Barnier. Mais je mets en garde contre des décisions peut-être lourdes de conséquences à l'avenir».