Mercredi 1er octobre s'est ouvert devant le tribunal correctionnel de Paris le procès de «l'affaire Unigrains». Huit personnalités sont poursuivies pour détournement de fonds au profit de la FNSEA et de structures affiliées. Il s'agit d'anciens responsables du syndicat dont Luc Guyau, actuel président de l'APCA (chambres d'agriculture), d'anciens dirigeants d'Unigrains et de Georges Dutruc-Rosset, directeur de cabinet, en 1996, du ministre de l'Agriculture, Philippe Vasseur.
Le tribunal devra se prononcer sur la légalité du fonds de solidarité avec les éleveurs. Il est plus particulièrement reproché aux prévenus l'utilisation d'une taxe prélevée sur les céréaliers.
Ces agissements avaient été jugés anormaux par la Cour des comptes en 1998 et ont fait l'objet en 1999 d'une plainte de la part de la Coordination rurale, rejoint par la suite par la Confédération paysanne.
François Lucas, président de la Coordination rurale, déclarait lors de la rentrée de son syndicat le 18 septembre dernier que l'objectif n'était pas de faire condamner la FNSEA, mais «de rendre moins opaque le fonctionnement des organismes professionnels, en particulier en ce qui concerne les cotisations volontaires obligatoires et les cotisations syndicales».
Luc Guyau a dénoncé mercredi «une histoire de jalousies syndicales». La FNSEA voit quant à elle dans cette affaire un «procès de la solidarité». «La Coordination rurale et la Confédération paysanne, en mal de suffrages dans les urnes, ont choisi la justice pour se faire entendre», affirme-t-elle dans un communiqué.
Pour sa défense, la FNSEA assure que toutes les opérations étaient faites de manière transparente et sous le contrôle de l'Etat. Selon les prévenus, l'utilisation de la taxe céréalière bénéficiait en effet de l'assentiment des gouvernements de l'époque.
De fait, quatres anciens ministres de l'agriculture, Michel Roccard, Pierre Méhaignerie, Alain Lamassoure et Henri Nallet, viendront témoigner à la barre, à la demande de la FNSEA, pour tirer cette affaire au clair.
Les plaidoiries devraient durer jusqu'au 16 octobre. En attendant, la FNSEA rappelle que le parquet avait, en juillet 2007, requis un non-lieu général pour l'ensemble des prévenus, ce qui donne, selon elle, «un relief particulier à la procédure».
Le juge d'instruction Henri Pons avait quant à lui vainement demandé au parquet de saisir la Cour de justice de la République. Il aura tout de même réussi à porter l'affaire en correctionnelle.