Une centaine de militants anti-OGM, selon la gendarmerie, 150 selon les organisateurs, ont manifesté mercredi après-midi devant le centre de recherche du semencier Pioneer à Montech (Tarn-et-Garonne) contre le développement des plantes mutagènes qu'ils décrivent comme «des OGM cachés».
«Nous demandons à Pioneer de renoncer à commercialiser l'an prochain un tournesol résistant aux herbicides baptisé Expressun», a expliqué Michel Metz, l'un des responsables du collectif anti-OGM 31 (Haute-Garonne).
Les militants réunis à Montech parlent d'«OGM cachés» à propos du tournesol mutagène, dont les caractéristiques génétiques sont modifiées par un choc chimique ou par une irradiation et non par l'introduction d'un nouveau gène, comme c'est le cas pour les plantes transgéniques.
Selon Jean-Baptiste Libouban, autre animateur du mouvement anti-OGM, «on ne sait pas du tout quelles seront les conséquences de ces OGM cachés sur la santé publique».
Le convoi automobile des militants venus de plusieurs régions de France a été arrêté par la gendarmerie à plus d'un kilomètre du site de Pioneer. Les manifestants se sont ensuite rendus à pied, sous un chaud soleil, jusqu'au centre de recherche, derrière une banderole «Pioneer, le pire à venir».
«Les anti-OGM demandent également au ministère de l'Environnement de décider un moratoire sur ce type de tournesols mutagènes en attendant une évaluation. Ils veulent que l'Union européenne soumette ces OGM aux mêmes règles de transparence et d'évaluation que les maïs trangéniques», a expliqué M. Metz.
Un tel moratoire existe actuellement dans plusieurs pays européens pour le maïs transgénique Monsanto.
Les organisateurs de la manifestation ont évoqué un «heureux hasard» au sujet de la coïncidence entre leur action et le procès vendredi à Béziers (Hérault) de deux militants anti-OGM, dont José Bové, pour un arrachage symbolique de maïs OGM en 2007.
«Le combat contre les OGM continue, il est entré dans une deuxième phase avec la lutte contre les OGM cachés», ont-ils dit.
De son côté le directeur juridique pour l'Europe de Pioneer, Jean Donnenwirth, a expliqué qu'il «est un peu surpris par le retour de cette problématique OGM alors qu'il y a un moratoire». Il a assuré que la semence incriminée «n'est pas un OGM».
«La mutagénèse est utilisée depuis près de 100 ans dans de nombreuses espèces légumières et fruitières, il n'y a pas de raison de la remettre en question parce qu'un tournesol (...) va permettre une diminution importante de l'utilisation d'herbicide, l'an prochain ou dans deux ou trois ans», a t-il estimé.
J. Donnenwirth, qui estime qu'«on essaie de faire une tempête dans un verre d'eau», a pu quitter le site peu avant 21h30 sans incident ont précisé les gendarmes.
Les manifestants ont assuré vouloir rester devant le centre de Pioneer jusqu'à ce que le ministère de l'Environnement leur garantisse une rencontre sur cette question des OGM cachés.
Arrivés vers 15H00 aux abords du centre, la majorité des manifestants s'apprêtait vers 22h00 à passer la nuit sous les pommiers alentour, bien qu'une délégation à la préfecture du Tarn-et-Garonne ait obtenu dans la soirée la promesse d'un rendez-vous avec la secrétaire d'état à l'Ecologie, Chantal Jouanno.