Les créations d'entreprises, dans le secteur industriel ''au sens large'', sont «plus fréquentes en zone urbaine, plus durables en zone rurale», selon les résultats d'une étude publiés récemment par le département de recherches en économie et sociologie rurales de l'Inra.
L'industrie ''au sens large'' regroupe les secteurs classiques (hors énergie), mais aussi la construction, les services aux entreprises, une partie du commerce (commerces de gros et intermédiaire) et une partie des transports (transport routier de marchandise et organisation du transport de fret).
«L'examen des entrées (créations, reprises, etc., ndlr) et sorties d'établissements selon les types d'espace met en évidence un grand contraste entre les pôles urbains et l'espace rural», observent les chercheurs de l'Inra UMR CESAER à Dijon (Jean-Pierre Huiban, Francis Aubert, Anne-Marie Dussol).
«Les mouvements sont très importants dans les pôles urbains (autour de 15% pour les entrées et sorties en moyenne annuelle), plus modestes dans l'espace rural (autour de 9%), soit une différence de l'ordre de 70% en faveur des pôles urbains. L'opposition est donc forte entre les pôles urbains où le tissu productif se renouvelle rapidement et l'espace rural où il est plus stable», précise-t-elle.
«Les espaces périurbains sont dans une situation intermédiaire du point de vue de l'intensité des mouvements enregistrés», avec des taux d'entrée et de sortie voisins de 11%, «mais bénéficient d'un effet spécifique positif en termes de soldes», poursuit l'Inra.
La comparaison des les taux de survie moyens des établissements dans les trois catégories d'espaces étudiées révèle une différenciation en faveur du rural et, dans une moindre mesure, du périurbain: 45% des établissements créés en 1993 dans le rural sont encore en activité huit ans après, alors qu'ils sont 38% dans le périurbain et seulement 27,5% dans les pôles urbains.
L'espace rural compense ainsi en partie sa faiblesse en termes de création d'établissements par une plus grande résistance des nouveaux établissements.
La croissance du nombre total d'établissements industriels est de 1,1% par an en moyenne sur la période 1993-2000 dans les espaces périurbains, contre 0,7% pour les pôles urbains et 0,4% dans l'espace à dominante rurale.
L'analyse structurelle-géographique permet de mesurer ce qui, dans les écarts à la moyenne nationale de chaque zone, s'explique par la composition sectorielle (bien de consommation, agroalimentaire, services, construction...) des établissements implantés dans cette zone, et ce qui se rattache à des facteurs spécifiquement géographiques.
En conclusion: «Les logiques de mouvement sont majoritairement déterminées par l'appartenance géographique des établissements, depuis l'urbain très mobile (en entrée et en sortie), jusqu'au rural beaucoup plus stable. Les logiques de solde sont majoritairement sectorielles, à l'exception notable d'un effet géographique périurbain très positif.»