« Les biocarburants ont participé à la hausse des prix et à la progression de la volatilité, car ce débouché empêche les stocks de se reconstituer », a défendu vendredi Brian Wright, professeur au département de l'agriculture de l'université californienne de Berkeley aux Etats-Unis. Il s'exprimait lors du colloque organisé par l'Inra sur la volatilité des prix agricoles.
« Les biocarburants sont le premier problème moral à régler avec deux lignes directrices qui s'opposent entre la politique agricole et énergétique de certains pays et le bien-être des populations les plus pauvres qui dépensent plus de la moitié de leur budget pour l'alimentation. Les politiques publiques en faveur des biocarburants peuvent contrecarrer toutes les autres politiques en faveur de la stabilisation des prix », a ajouté le professeur de Berkeley.
Conseillère économique de Nicolas Sarkozy, Hélène Durand admet que la question des biocarburants est un sujet sensible de la présidence française du G20 : « Nous devons faire attention. Nous devons composer avec le Brésil et les États-Unis (grands producteurs de bioéthanol de maïs et de canne respectivement, NDLR), mais on essaye de faire avancer le débat sur les liens qui peuvent exister entre les biocarburants et les prix alimentaires. »
« Cela n'est un secret pour personne, la politique des Etats-Unis en matière de bioéthanol est une politique électorale », a réagi François Luguenot, directeur du service de l'analyse des marchés de l'union de coopératives InVivo.
« A mon sens, ce n'est pas en supprimant les politiques incitatives aux biocarburants qu'on empêchera d'en produire, a déclaré Christopher Gilbert, professeur à l'université italienne de Trento. Les biocarburants sont rentables en dehors même des politiques publiques. » Il concède néanmoins que le développement des biocarburants a entraîné une corrélation entre les marchés agricoles et ceux du pétrole, et donc plus de volatilité.