La Commission européenne s'est dite prête à aménager deux points particulièrement controversés de son projet de réforme de l'organisation commune de marché (OCM) du vin: la libéralisation des droits de plantation et l'interdiction de la chaptalisation.
«Je ne vois pas d'inconvénient à faire preuve de bonne volonté à condition que nous conservions le socle de la réforme», a déclaré la commissaire à l'Agriculture, Mariann Fischer Boel, mercredi à Bruxelles, à l'issue d'une réunion des ministres européens de l'agriculture.
Son projet, présenté en juillet, se veut une réponse à la crise du secteur viticole européen, victime de surproduction et de la concurrence des vins du Nouveau Monde (Californie, Australie, Afrique du Sud et Amérique latine).
Point particulièrement contesté: il prévoit de libéraliser totalement à partir de 2014 les droits de plantation de vignes, pour encourager l'industrialisation du secteur et favoriser son adaptation aux demandes du marché.
La commissaire européenne a indiqué qu'un report «d'une ou deux années» de cette date-butoir ne serait «pas une catastrophe».
«J'ai fait preuve d'ouverture, donc j'attends des Etats qu'ils fassent de même», a-t-elle ajouté, en reconnaissant que son projet n'avait «pas fait l'unanimité» lors de la réunion des ministres et qu'il y avait eu «beaucoup de critiques».
Cette libéralisation des droits de plantation est contestée par plusieurs pays européens, à commencer par la France.
Le ministre français de l'agriculture, Michel Barnier, l'a jugée «totalement contradictoire» avec la volonté de Bruxelles, en parallèle, de faire arracher 200.000 hectares de vignobles pour lutter contre la surproduction.
Autre pomme de discorde: l'interdiction de la chaptalisation (ajout de sucre dans le vin pour augmenter la teneur en alcool). Bruxelles peut compter sur le soutien des pays du sud de l'Europe (Espagne, Italie) qui n'utilisent pas cette pratique, mais est critiqué par les pays du Nord, l'Allemagne entre autres, qui y ont largement recours.
Sur ce point, la commissaire s'est dit prête à envisager un traitement séparé «des petites et toutes petites exploitations».