La filière viticole s'attend à une récolte française de vin en hausse en 2014 par rapport à l'an dernier, à 45,4 millions d'hectolitres, dans la moyenne quinquennale, a annoncé vendredi l'établissement public FranceAgriMer.
« Après deux années de récoltes excessivement basses, on revient à quelque chose de plus normal. [...] On part sous de bons auspices au démarrage de cette récolte », s'est réjoui Jérôme Despey, le président de la branche en charge des vins de l'établissement public FranceAgriMer, lors d'une conférence de presse vendredi à Montreuil (93).
Quelque 45,4 millions d'hectolitres (Mhl) de vin devraient pouvoir être produits grâce au raisin qui va être ramassé dans les prochaines semaines – un chiffre conforme à la moyenne quinquennale –, selon les informations recueillies ces deux derniers jours auprès des vignerons français par FranceAgriMer. A la fin de juillet, le ministère de l'Agriculture avait établi une première prévision légèrement supérieure, à 46,4 Mhl.
Ces projections peuvent toujours être modifiées au gré des aléas climatiques qui pourraient survenir dans les prochaines semaines. Car les vendanges commencent à peine dans le Languedoc-Roussillon (Chardonnay, Sauvignon, Muscat), en Corse et dans quelques parcelles en Provence. Elles s'étaleront jusqu'en octobre.
« Les signaux sont au vert »
Pour le moment, « les signaux sont au vert » car les vignes ont profité de meilleures conditions météo après deux années calamiteuses, ce qui est « important pour la filière car les stocks étaient très bas, avec des tensions sur l'approvisionnement dans toutes les régions », a souligné M. Despey. En 2013, la production n'avait atteint que 42,3 Mhl, alors que la moyenne 2009-2013 est de 45,6 Mhl.
« Cela va permettre de se repositionner en termes de compétitivité sur les marchés » internationaux, estime M. Despey. Ces derniers temps, au vu de la faiblesse des stocks, « nous n'arrivions pas à répondre à toutes les demandes. Certains opérateurs se détournaient du marché français ».
La place de la France a reculé ces dernières années sur le marché mondial du vin, en particulier chez ses clients traditionnels (Allemagne, Royaume-Uni, Etats-Unis) où sa production est concurrencée par l'Italie et l'Espagne, même si elle se maintient en Chine.
Recul de la production dans le Languedoc-Roussillon
La Champagne pourrait voir sa production augmenter de près de 20 % par rapport à la moyenne quinquennale, à 3,2 Mhl, grâce à une météo favorable.
Dans le Bordelais, la récolte devrait revenir dans la moyenne, à 5,5 Mhl, et rebondir de 40 % par rapport à 2013, où les vignes avaient été ravagées par la grêle.
Cette année, ce sont celles du Languedoc-Roussillon qui ont souffert d'un « printemps très chaud et sec suivi par des épisodes de grêle très importants dans l'Aude, l'ouest de l'Hérault et le Gard », regrette M. Despey, lui-même viticulteur dans la région. La production régionale devrait donc reculer de près de 10 % par rapport à la moyenne sur cinq ans. « Certains vignerons rentrent même 15-20 % (de raisin, ndlr) en moins à cause de la sécheresse », constate-t-il.
Prix en hausse
La qualité semble au rendez-vous malgré un été au temps capricieux, qui a amené pluie et fraîcheur dans une bonne partie du pays. « A ce jour, il n'y a pas d'inquiétudes dans les différents bassins de production sur l'état sanitaire, qui est bien maîtrisé par les vignerons », assure-t-il. Et il n'y a pas pour l'instant de raison « d'anticiper les vendanges » à cause de la météo.
Ces vendanges correctes ne devraient pas empêcher les prix d'augmenter l'an prochain car « les stocks restent moindres » qu'il y a dix ans, lorsque la production frôlait les 60 Mhl, rappelle M. Despey.
Il faudra attendre l'automne pour avoir une idée vraiment précise des prix, mais le vin rouge pourrait augmenter de 2-3 % en moyenne, et le rosé, vin très demandé dont la France est le premier producteur mondial, davantage encore. Actuellement, l'hectolitre de rosé Pays d'Oc se négocie à 85 euros, contre 80 l'an passé, explique le viticulteur.