Les vins et spiritueux français ont connu une année noire en 2009, avec une baisse draconienne de leurs exportations et s'attendent à une reprise « maigrelette » en 2010 à la faveur d'un environnement économique mondial plus favorable.
Après un début « catastrophique », l'année 2009 « s'est terminée beaucoup mieux qu'elle n'avait commencé avec de bons mois de novembre et décembre », a affirmé jeudi Claude de Jouvencel, président de la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux de France (FEVS).
« La reprise étant loin d'être acquise, nous resterons donc prudents », a-t-il ajouté lors de la publication des chiffres des exportations de 2009. Pour 2010, il table sur une croissance « maigrelette » des exportations, « au mieux 5 % ».
« On attend une meilleure ambiance et nous misons aussi sur le millésime 2009. Il faut être patient, le marché est là », a déclaré pour sa part, Louis Latour, président du négoce bourguignon pour qui « le plus dur est passé ».
En 2009, les exportations ont chuté de 17 % à 7,7 milliards d'euros, selon les chiffres de la FEVS. Un montant dans la fourchette prévue l'an dernier par la fédération qui misait sur une baisse « entre 15 et 20 % ».
La Fédération a fait état de chiffres similaires à ceux communiqués la veille par Ubifrance, l'agence française pour le développement international des entreprises. Celle-ci annonçait une dégringolade des chiffres d'affaires à l'exportation au niveau de ceux d'il y a dix ans.
Les exportations de vins toutes catégories confondues accusent la chute la plus importante, -19 % à 5,5 milliards d'euros.
Le champagne affiche les plus mauvais résultats (-28 %), mais les vins d'appellation (AOC/AOP) sont aussi à la baisse (-19 %). Les vins de Bordeaux chutent de 23 %, ceux de Bourgogne de 22,5 %, ceux du Beaujolais de 16 %, les vins du Val de Loire chutent de 9,3 % et les vins d'Alsace de près de 8 %. Les côtes-du-rhône et les vins du Languedoc-Roussillon perdent respectivement 5 % et 3 %.
En revanche, les vins de pays/IGP (-2 %) et les vins sans indication géographique – VSIG, anciens vins de table – (+0,3 %) ainsi que les mousseux (-1 %), moins chers, ont beaucoup mieux résisté.
« Ce sont les pays qui font du haut-de-gamme, comme la France, qui ont le plus souffert », a reconnu C. de Jouvencel.
Les exportations des spiritueux encaissent quant à elle un repli moindre de 12 % à 2,2 milliards d'euros et de 9 % en volume. La catégorie s'est faite tirer vers le bas par le fléchissement des exportations de cognac (- 15,6 % en valeur), malgré également une reprise sur le dernier trimestre, souligne la FEVS.
La crise économique a entraîné des changements de comportement chez les consommateurs, a expliqué C. de Jouvencel. Au lieu de consommer au restaurant, les clients ont acheté du vin dans les grandes surfaces pour une consommation à domicile. De même, ils se sont orientés vers l'entrée de gamme.
« Il nous manque des produits avec un affichage clair de marque et de cépage pour renforcer notre offre sur les marchés anglo-saxons », a reconnu la FEVS.
Les vins du Nouveau Monde se sont imposés sur les marchés avec une offre simple et moins onéreuse que celle proposée par les producteurs français à qui il est souvent reproché une manque de lisibilité dans les appellations.
Tous les marchés de la France sont dans le rouge, mis à part la Chine et Hong-Kong. Les deux principales destinations des vins hexagonaux que sont les Etats-Unis et le Royaume-Uni enregistrent les baisses les plus fortes, respectivement -23 % et -21 %. En Allemagne, troisième marché, le recul est de -7 %.
• Vins tranquilles : davantage de Français ont acheté des vins étrangers en 2008/2009 (FranceAgriMer) (17 février 2010)
• Crise viticole : Le Maire demande aux viticulteurs de conquérir de nouveaux marchés par les vins de cépages (26 novembre 2009)