Selon une étude du service de la statistique et de la prospective (SSP) du ministère de l'Agriculture intitulée «Lutte sanitaire en viticulture: situation en 2006» et publiée vendredi, le recours aux produits phytosanitaires fongicides dans le vignoble français lors de la campagne de 2006 a été de l'ordre de 20 doses homologuées en Champagne et 15 en Bourgogne, mais seulement 10 en Alsace.
Bien que soumise à un climat continental comme les deux régions précédentes, et donc de fait tributaire d'une pression de maladies (mildiou en particulier, mais aussi oïdium) assez importante, son niveau de protection phytosanitaire se rapproche de celui, plus limité, des vignobles situés sous les climats atlantiques et de celui, encore plus limité, des vignobles méditerranéens (10 doses homologuées dans le Languedoc-Roussillon, 7 en Provence-Côte d’Azur).
Cette situation illustre le fait que, si le recours aux produits phytosanitaires sur les vignes répond d’abord à des besoins locaux, pour se protéger des maladies, ravageurs, ou encore des adventices, la diversité et le niveau des traitements résulte aussi de pratiques pour maîtriser la vigueur de la vigne.
En Champagne, au-delà d'une forte pression de maladies, l’intensité des traitements résulte d’une faible maîtrise de la vigueur des vignes (effeuillage modéré, pas plus d'épamprage), ce qui favorise la transmission des maladies. En plus, les Champenois généralisent l'apport d'azote minéral dans leurs vignes (près de 80% du vignoble en reçoit) à la dose moyenne annuelle de 50 unités à l’hectare, au-delà des 30 unités, seuil préconisé par l'Inra. Au contraire, en Alsace, pas de fertilisation, on vendange en vert et on épampre, des pratiques «qui réduisent l'utilisation de la chimie», relève le SSP dans son enquête.
Les traitements et doses dépendent avant tout de la localisation des vignes, indique l'enquête. L’emploi des fongicides (présents partout par traitements préventifs ou curatifs) est plus diversifié dans le Languedoc-Roussillon et en Provence-Côte d’Azur – des vignobles étendus avec une mosaïque de vins et de cépages, mais aussi une importante hétérogénéité des situations microclimatiques – qu'en Champagne, en Charente ou en Beaujolais où on relève une unité de cépage (3 au maximum, comme en Champagne) pour une seule appellation.
L’homogénéité des pratiques résulte probablement aussi d’une plus forte diffusion des préconisations de traitements dans ces vignobles, estime l'enquête.
En général, les produits sont appliqués près de six fois sur dix après observation des parcelles et recommandations des avertissements agricoles ou des organismes de développement, selon les réponses à l'enquête.
Le recours aux herbicides est moins systématique que celui aux fongicides, révèle le SSP. «Non que le désherbage thermique se soit imposé. Mais parce que certains vignerons, comme les Alsaciens et les Bordelais, laissent courir l’herbe au pied des ceps.»
L’utilisation des insecticides est encore moins fréquente (en constante diminution, NDLR, due en particulier à la raréfaction des traitements acaricides) et concerne en 2006 de 30 à 84% des superficies selon les régions, indique l'enquête.
Les exploitations professionnelles viticoles cumulent 14% des dépenses de produits phytosanitaires sur 4% de la superficie agricole en 2006, selon le Réseau d’information comptable agricole, indique l'enquête.