Le Parlement européen a validé, ce jeudi 16 février 2012, un accord controversé visant à libéraliser davantage le commerce agricole entre l'UE et le Maroc – le vote a été acquis par 369 voix contre 225.
Le projet a été très décrié en Espagne où les agriculteurs craignent la concurrence des produits marocains. En France aussi, des voix se sont élevées contre un accord « déséquilibré », en particulier la Coordination rurale.
Les eurodéputés sont majoritairement allés à l'encontre des préconisations de José Bové (Les Verts), leur rapporteur sur ce dossier. L'écologiste, dans un communiqué du même jour, dénonce un accord « perdant-perdant ». Il « va à l'encontre des intérêts des citoyens marocains et du peuple du Sahara occidental », a-t-il déclaré. Selon lui, les producteurs européens seront confrontés dans certains secteurs à un « dumping social » tandis que, dans d'autres secteurs, les agriculteurs marocains verront « détruite leur capacité de production de viande, de produits laitiers et de céréales par des importations de grands groupes européens ».
De son côté, la Commission européenne avait clairement appelé à valider l'accord. Ce texte « ouvre des perspectives commerciales pour notre secteur agricole », a plaidé le commissaire à l'Agriculture, Dacian Ciolos. En outre, il contient « toutes les dispositions à même de préserver l'avenir de la production européenne, comme celle des tomates, des courgettes, des concombres, de l'ail, des clémentines et des fraises. Ces produits ne seront pas libéralisés par l'accord », a-t-il ajouté.
Le Copa-Cogeca (agriculteurs et coopératives de l'UE) a exprimé, jeudi dans un communiqué, « sa grande déception » à l'issue du vote du Parlement européen, en indiquant qu'un tel accord « aurait un effet dramatique sur le secteur européen des fruits et légumes, tout particulièrement les tomates ».
Pekka Pesonen, secrétaire général du Copa-Cogeca, a fait valoir que la Commission européenne aurait dû entreprendre une étude d'impact socio-économique avant de poursuivre cet accord. Il a insisté sur le fait que des milliers d'emplois dans les zones rurales européennes s'en trouveraient compromis ; emplois que la crise économique avait déjà sérieusement ébranlés. Il a considéré que les importations en provenance du Maroc ne répondent pas aux normes européennes – élevées – en termes de production.
Selon le Copa-Cogeca, l'accord UE-Maroc entraînera l'introduction de contingents d'importation largement accrus par rapport au précédent accord pour six produits sensibles : tomates, courgettes, concombres, ail, agrumes et fraises.