Quatre grands scénarios pour l'avenir énergétique de la France d'ici à 2050 ont été dévoilés, ce jeudi 23 mai 2013, lors d'une réunion du conseil national du débat organisé par le gouvernement. Biomasse et biocarburants auront leur mot à dire.
Sur le papier, les quatre scénarios doivent permettre d'atteindre les objectifs d'une réduction de 20 % des émissions de C02 en 2020 et de 50 % d'ici à 2050, même si les scénarios « sobriété » et « efficacité » vont plus vite. De l'aveu même de leurs concepteurs, ils restent à préciser.
Scénario « décarboné », le plus nucléaire
Dans ce scénario, la part du nucléaire est considérablement augmentée, jetant aux orties la proposition de François Hollande de ramener de 75 à 50 % la part du nucléaire dans l'électricité. Les tendances récentes se poursuivent et la croissance annuelle reste significative (+1,7 % en moyenne) : l'étalement urbain se poursuit, de même que la hausse du transport de passagers et de marchandises. La consommation d'électricité est doublée d'ici à 2050 – les voitures électriques et hydrides représentent 40 % du parc, le chauffage par pompes à chaleur est massif – et la consommation finale d'énergie n'est que légèrement réduite. La part du nucléaire dans toute l'énergie (et pas seulement l'électricité) s'envole à près de 65 %, contre 42 % actuellement. Autre point à souligner : un important recours aux biocarburants. Coût d'investissement estimé : entre 49 et 57 milliards d'euros par an (contre 37 milliards en 2012).
Scénario « sobriété », le plus vert
Il s'agit de faire coup double : sortir du nucléaire mais aussi des énergies fossiles (plus de 90 % de l'énergie en France à eux deux). Dans le même temps, la consommation énergétique est divisée par deux. Le rôle de la biomasse (bois, etc.) est multiplié par dix, à 46 % du bouquet énergétique français. Les autres énergies renouvelables passent de 3 % à 43 %. Quelque 750.000 logements sont rénovés chaque année, cinq fois plus qu'actuellement. Le vert est de mise dans nombre d'autres domaines : agriculture biologique, recyclage de masse, « arrêt progressif » de l'étalement urbain, coup de frein à la consommation de masse... Les véhicules sont allégés de façon draconienne et les vitesses réduites. Coût d'investissement estimé : entre 62 et 69 milliards d'euros par an.
Scénario « diversité », le plus varié
La réduction de la consommation d'énergie d'ici à 40 ans est modérée (-17 %), pour tenir compte des 75 millions de Français de 2050 et d'une croissance économique de 1,7 % par an. Le prix de l'énergie est alourdi par une « fiscalité énergie-climat » (taxe carbone, etc.). La part du nucléaire n'est que très légèrement réduite, avec un renouvellement partiel du parc, le relais étant essentiellement pris par les renouvelables hors biomasse, qui passent de 3 % à 30 %. Pétrole et gaz gardent environ 20 % du mix énergétique, plus que dans les autres scénarios, avec notamment une généralisation de la voiture à deux litres aux 100 ou roulant au gaz, plus propre. Coût d'investissement estimé : entre 48 et 51 milliards d'euros par an.
Scénario « efficacité », le plus local
La consommation d'énergie est divisée par deux. Un coup de frein est mis sur le transport de personnes et de marchandises grâce à de meilleures politiques urbaines et à une « réduction des surfaces tertiaires par employé ». La part du nucléaire dans l'énergie totale est quasi divisée par deux, à 24,8 %, grâce à une priorité donnée à l'efficacité électrique ; les renouvelables dépassent les 50 % de la consommation, avec l'accent mis sur la biomasse et la récupération locale de chaleur urbaine et industrielle. Le gaz garde un rôle assez significatif. Coût d'investissement estimé : entre 56 et 63 milliards d'euros par an.