Les apiculteurs ont manifesté jeudi pour réclamer aux ministres de l'Ecologie et de l'Agriculture le retrait de l'insecticide Cruiser, un traitement de semences fabriqué par Syngenta, à base de thiamétoxam, et autorisé le 7 janvier 2008 sur maïs.
Interpellant le ministre de l'Ecologie, Jean-Louis Borloo, le président de l'Union nationale de l'apiculture française (Unaf), Henri Clément, lui a demandé de se «ressaisir pour que le Cruiser ne reste pas comme une tache sur le Grenelle de l'environnement».
«Vous vous êtes montré déterminé sur le (maïs génétiquement modifié) Mon 810, mais vous vous êtes couché sur le Cruiser», lui a-t-il lancé devant la foule rassemblée sous la Tour Eiffel, parfois venue en tenue de travail, l'enfumoir à la main, brandissant des pancartes: «Je ne suis pas un happy-culteur», «cruiser-killer», «abeilles, pesticides, OGM: l'impossible coexistence».
«C'est la dernière fois qu'on se déplace pacifiquement: quand c'est trop, c'est trop», a prévenu Francis Chauvancy, représentant des apiculteurs du Centre et de l'Ouest (SAPCO).
Les apiculteurs, qui le rapprochent de deux autres insecticides, le Gaucho et le Régent, mis en cause dans la mortalité anormale des abeilles avant d'être interdits, signalent que des milliers de ruches ont péri en 2007 en Italie, où le Cruiser était utilisé.
L'Unaf s'est tournée le 29 janvier 2008 vers le Conseil d'Etat pour réclamer l'interdiction de ce traitement de semences.
Pour la première fois, les principales associations de défense de l'environnement qui ont participé au Grenelle se sont mobilisées jeudi aux côtés des apiculteurs, comme la fédération France nature environnement (FNE), la Ligue de protection des oiseaux (LPO), ou la coalition Alliance pour la planète.
Les manifestants ont été reçus par le ministre de l'Agriculture. Michel Barnier a rappelé que l'autorisation du Cruiser a été délivrée «après concertation interministérielle sur la base d'un avis favorable de l'Afssa. Cette autorisation, délivrée pour un an, a été assortie de mesures de gestion particulièrement strictes.»
Le ministère de l'Agriculture a imposé la mise en place d'un suivi et d'une surveillance des parcelles semées et des ruchers sur trois régions: Rhône-Alpes, Midi-Pyrénées, Aquitaine. «Les modalités de suivi sont définies en concertation avec les représentants des apiculteurs et les associations protectrices de l’environnement», précise le ministère.
Une première réunion a déjà eu lieu le 14 février 2008. Michel Barnier a assuré qu’il mettrait en oeuvre les moyens nécessaires à un suivi rigoureux.