« En 2050, la population mondiale aura augmenté de 30 %, et cette augmentation se fera en totalité dans les pays en développement, a annoncé Jacques Diouf, directeur général de la FAO, lors d'un colloque sur les enjeux du système alimentaire mondial à Paris le 25 novembre 2010, organisé à l'occasion du 250e anniversaire de l'Académie d'agriculture. La population urbaine va augmenter, et l'évolution des comportements alimentaires va se poursuivre. Il faudra en particulier doubler la production de viande d'ici à 2050. Il faut également tenir compte de la production de biocarburants, qui, au rythme actuel, pourrait doubler au cours des prochaines années. »
Pour autant, des solutions existent, pourvu que l'on compose avec les nouvelles contraintes de l'agriculture. Les principaux défis : étendre la surface irriguée tout en consommant moins d'eau grâce à des technologies nouvelles, trouver 120 millions d'hectares supplémentaires à cultiver dans les pays en développement, préserver la biodiversité agricole, s'adapter aux effets du changement climatique.
Un système d'alerte et de prévention, et des services vétérinaires efficaces sont aussi essentiels pur prévenir les crises sanitaires transfrontalières, a rappelé Jacques Diouf. « 75 % des maladies émergentes affectant les humains ont une origine animale. »
Enfin, le directeur de la FAO a demandé d'améliorer les règles de fonctionnement et de transparence des marchés, et d'avoir des niveaux de stocks nationaux adéquats, pour limiter la volatilité des marchés.
Dans une intervention précédente du colloque, Franck Galtier, économiste au Cirad, avait souligné l'aspect néfaste de l'instabilité des prix agricoles, qui impacte la sécurité alimentaire, mais aussi la modernisation de l'agriculture en freinant les investissements, et la stabilité politique (émeutes) et macro-économique.
« L'instabilité des prix a des causes diversifiées : instabilité naturelle due aux aléas climatiques, instabilité importée, instabilité endogène, a-t-il détaillé. Il est nécessaire de mettre en place une combinaison cohérente d'instruments pour se couvrir sur l'ensemble des causes. »
De son côté, Michel Griffon a prôné l'agriculture « écologiquement intensive » comme seule alternative plausible pour nourrir le monde sans sacrifier la planète a long terme.