La justice russe a cassé une décision condamnant Sucre et Denrées (SucDen) à verser plus de 50 millions d'euros à un concurrent local, a indiqué jeudi la société française.
Un tribunal d'arbitrage avait condamné Sucden à verser à ce groupe, NSK, 2,18 milliards de roubles (53 millions d'euros), dans le cadre d'un imbroglio judiciaire au sujet d'une des usines du français, située à Lipetsk (à 500 km au sud de Moscou).
Alors que ce jugement avait été confirmé en appel, le 27 juin 2012, le producteur français s'était dit prêt à quitter la Russie, où il est présent depuis vingt ans. Mais quelques jours plus tard, il avait conclu une alliance avec l'influent et richissime homme d'affaires Kirsan Ilioumjinov, faisant de ce dernier un des actionnaires clés des filiales de SucDen en Russie.
« Le 4 décembre 2012, la Cour suprême russe a annulé la décision favorable à NSK. Cela signifie que la dette de 2,18 milliards de roubles n'existe plus et que le dossier sera réexaminé de nouveau », a déclaré le directeur financier de SucDen en Russie, Gleb Tikhomirov, dans un courriel adressé à l'AFP. Le responsable a affirmé que le jugement qui vient d'être cassé contenait des « violations légales [...] considérables. »
Les faits remontent à 2006, quand Sucden achète des équipements d'occasion auprès d'une petite société russe pour un montant de 14 millions d'euros, afin de moderniser son usine de Lipetsk. En janvier 2008, NSK, une entreprise jusqu'alors inconnue, attaque Sucden en justice, prétendant qu'elle est propriétaire de ces équipements. SucDen avait dénoncé, en juin, un « raid » monté, avec la complicité de la justice, par Alfa Bank, établissement financier qui appartient au milliardaire russe Mikhaïl Fridman, pour le déposséder de l'usine.
Lorsque le groupe avait signé son alliance avec M. Ilioumjinov, son directeur général en Russie, Etienne Pelletier, avait démenti que ce soit lié à cette affaire. Il avait toutefois admis que cela marquait un changement de stratégie pour SucDen, qui avait gardé depuis 1994 le contrôle à 100 % de ses activités en Russie.
Le groupe français, qui possède trois usines et 120.000 hectares de terres en Russie, emploie près de 5.000 personnes dans ce pays et fournit des géants de l'agroalimentaire comme Coca-Cola, Pepsico ou Nestlé.