Dans un rapport intitulé « Les banques françaises spéculent-elles toujours sur la faim ? », Oxfam France fait le point sur les engagements pris par les établissements bancaires français il y a deux ans sur la spéculation des matières premières agricoles.
L'organisation non gouvernementale (ONG) dénonce, à travers les rapports de 2013 et 2015, le problème que posent les marchés spéculatifs sur la volatilité des prix des matières agricoles. Elle précise que « tous les experts internationaux sont aujourd'hui formels et dénoncent les risques que fait courir une spéculation excessive sur le droit à l'alimentation des populations vulnérables », avant de faire un zoom sur ces pratiques dans les établissements bancaires de l'Hexagone.
Le Crédit Agricole bon élève
Sur les 4 établissements français engagés sur ce type d'activité, seul le Crédit Agricole semble avoir arrêté de proposer à ses clients des outils permettant de spéculer sur ce type de marché.
L'association relève que les sommes impliquées dans la spéculation sur les marchés agricoles sont passées de 2,5 milliards d'euros en février 2013 à 3,5 millliards d'euros au début 2015.
Clara Jamart, l'auteure de l'étude, explique que pour les 3 établissements français qui proposent encore de spéculer sur les marchés agricoles à leurs clients, seule la Société Générale a respecté ses promesses en termes de transparence, mais elle précise : « c'est aujourd'hui la banque française qui spécule le plus sur la faim : elle doit impérativement aller plus loin ! »
BNP et BPCE à la traîne
Concernant BNP Paribas, Clara Jamart indique qu'« elle n'a tout simplement pas respecté ses engagements. » Le rapport d'Oxfam met en avant que ce groupe bancaire, bien qu'il ait fermé des fonds spéculatifs comme le prévoyaient ses engagements, est le seul à en avoir ouvert deux nouveaux.
Enfin, sur le groupe BPCE (Banque Populaire - Caisse d'Epargne), il est « le seul à n'avoir pas fait de promesses en 2013 », annonce Clara Jamart, ajoutant : « il est largement temps qu'il assume enfin ses responsabilités ».
Une loi votée depuis 1 an et demi et pas appliquée
Oxfam revient également sur « les mesures législatives concernant la transparence et la régulation des marchés dérivés de matières premières agricoles qui ne sont toujours pas mises en œuvre ». L'ONG précise toutefois que la situation pourrait se débloquer lors du premier semestre 2015 via une consultation publique qui devrait être lancée par l'Autorité des marchés financiers (AMF) pour lui permettre d'appliquer les articles de la loi concernée.
Le rapport recommande, en conclusion, aux établissements bancaires de cesser leurs activités sur ce secteur, tout en faisant preuve de transparence.
Le ministre de l'Economie et l'AMF se voient respectivement invités à mettre en œuvre « les engagements de campagne de François Hollande concernant la régulation de la finance » et « la réforme bancaire française et d'appliquer la loi ».