Près de trois cents personnes étaient présentes, le 4 mars 2014 à Toulouse, au colloque national sur le soja organisé par le Cetiom et l'Onidol. Très utilisé en nutrition animale, et de plus en plus en alimentation humaine, le soja est peu cultivé en France, mais pourrait être un atout dans le cadre de la diversification des cultures programmée par la Pac.
« Il s'agit d'un colloque fondateur pour la production de soja et de protéines, s'est félicité Gérard Tubéry, président de la Fédération française des producteurs d'oléagineux et de protéagineux (Fop), en ouverture du colloque. Les protéines occupent une place majeure dans le défi de l'alimentation mondiale, d'où la nécessité de s'en occuper aujourd'hui de façon concrète. »
Première graine oléoprotéagineuse cultivée dans le monde, avec 300 millions de tonnes (Mt) produites en 2013, le soja a connu une progression de sa production de 14 % par an depuis 1970. Ses graines permettent de fabriquer 60 % des tourteaux oléagineux et 20 % de l'huile alimentaire consommés. Les Etats-Unis, le Brésil et l'Argentine sont les premiers pays producteurs. Ils réalisent ensemble 80 % du tonnage international. L'Argentine, spécialisée en soja génétiquement modifié, est le premier exportateur, tandis que le Brésil, coleader mondial avec les Etats-Unis (90 Mt chacun), est le premier producteur de soja non OGM (6 Mt). Du côté de la consommation, c'est la Chine qui est en tête avec 47 Mt utilisées en 2013.
De son côté, l'Union européenne est fortement dépendante du soja d'importation pour son élevage. Cette culture ne représente que 4 % de sa production oléagineuse en 2013, soit environ 467.000 ha et 1,22 Mt. L'Italie fournit 38 % du tonnage, tandis que la France arrive en cinquième position, avec 37.500 ha en 2012 (108.300 t), cultivés essentiellement dans le sud-ouest et l'est du pays. Une production bien inférieure à ses besoins, puisque 88 % des tourteaux, 54 % de l'huile et 85 % des graines de soja consommés sont importés.
La demande est donc forte. Selon Sofiprotéol, 200.000 à 250.000 ha permettraient d'assurer des disponibilités suffisantes et de soutenir le développement d'outils industriels, aussi bien en alimentation humaine qu'en nutrition animale. En aval, les opérateurs seraient sécurisés par un approvisionnement local et moins de dépendance à l'égard des importations.
En amont, le soja se positionne comme une culture de diversification intéressante. Il permet de faire des économies d'azote à l'échelle de la rotation, nécessite peu d'interventions phytosanitaires et permet une conduite de culture et d'irrigation souple. Il est bien adapté aux techniques d'implantation simplifiées. Sur le plan des aides, son éligibilité aux aides couplées est acquise. Les MAET (1) irrigation sont reconduites et la Fop négocie actuellement la mise en place d'autres MAE qui pourraient soutenir sa production.
Enfin, dans le Midi-Pyrénées, plusieurs programmes de recherche sont en cours pour améliorer les variétés. Le projet Sojamip vise à concevoir un soja économe en eau et de qualité. De nombreux espoirs résident notamment dans l'utilisation de variétés semi-précoces. Le semencier RAGT 2n, qui travaille depuis dix ans à la sélection de variétés de soja, s'est lancé, en 2013, dans un programme d'amélioration génétique (AGESOMIP). Enfin, différentes études sont menées sur l'utilisation des graines crues et des tourteaux dans l'alimentation animale. Affaire à suivre.
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(1) Mesures agroenvironnementales territorialisées.