L'association Kokopelli, qui milite pour la libre diffusion des semences au nom de la biodiversité, organise du 1er au 4 mai sur ses nouvelles terres ariégeoises un rassemblement en vue de créer un réseau européen d'associations aux buts similaires.
Kokopelli, installée depuis septembre au Mas d'Azil, en Ariège, depuis son déménagement en provenance du Gard, défend la culture de semences potagères, médicinales et céréalières, souvent anciennes, libres de droits et reproductibles. Elles ne sont pas inscrites au catalogue officiel des semences, et leur commercialisation lui a valu d'être condamnée plusieurs fois.
Kokopelli attend plusieurs centaines de personnes sur les quatre jours, déclare son directeur, Ananda Guillet, à l'AFP. Des associations européennes comme Peliti (Grèce) ou Arche de Noë (Autriche) seront présentes, de même que Navdanya, organisation de la scientifique et altermondialiste indienne Vandana Shiva. « Le but est de créer un réseau de gardiens de semences, qui soit un peu plus fort juridiquement et au sein duquel on puisse échanger des ressources génétiques, des anciennes variétés et des variétés libres », ajoute Ananda Guillet. Sont également prévus concerts et conférences, tandis que Kokopelli distribuera gratuitement des milliers de sachets de semences.
L'association créée en 1999, qui emploie une quinzaine de personnes pour un chiffre d'affaires de 1,8 million d'euros, commercialise environ 1.700 variétés produites par des agriculteurs bio, activité qui lui permet de se financer. D'autre part, elle détient environ 1.200 plantes de collection, très peu cultivées, qu'elle distribue à ses 9.000 adhérents. « On officialise un partage de semences en voie de disparition, qui ont besoin d'un refuge » dans les jardins des adhérents, dit le directeur de Kokopelli. « Les adhérents nous renvoient une partie des semences, qu'on renvoie à d'autres adhérents, etc. »
La justice européenne a validé en 2012 l'obligation de ne commercialiser que des semences de légumes admises dans des catalogues officiels, dans le cadre d'une affaire opposant Kokopelli à un groupe semencier : Graines Baumaux accusait l'association de concurrence déloyale et celle-ci a été condamnée à 10.000 euros de dommages et intérêts. L'affaire doit encore être jugée en appel à Nancy.
Kokopelli refuse d'inscrire ses semences au catalogue officiel géré par le Gnis (Groupement national interprofessionnel des semences) car, dit Ananda Guillet, les critères d'inscription sont tels que seuls les hybrides F1 non reproductibles et les OGM sont suceptibles d'être admis. « Les graines doivent être uniformes, tout ça sous couvert de la protection des consommateurs », dit-il. « C'est une vaste blague, ce n'est pas parce que chaque tomate fait exactement la même taille qu'elle ne sera pas toxique parce que imbibée de produits chimiques ».