Nicolas Sarkozy a affirmé, mardi à Rome, qu'il fallait «mettre le paquet sur l'agriculture des pays en voie de développement», dénonçant «l'erreur stratégique historique» des organismes internationaux qui avaient découragé ces pays à développer leurs productions vivrières.
Le président de la République s'exprimait à l'ouverture du sommet de l'Organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO), auquel participent, du 3 au 5 juin, des chefs d'Etat et de gouvernement du monde entier.
Quelques semaines après les violentes émeutes de la faim dans une trentaine de pays, ces responsables tentent d'harmoniser leurs positions pour trouver des remèdes face à la flambée des prix, notamment des céréales.
«Il faut mettre le paquet sur l'agriculture des pays en voie de développement», a martelé Nicolas Sarkozy, en plaidant pour l'expansion des «agricultures vivrières locales».
Au passage, il a épinglé les grands organismes internationaux (FMI, Banque mondiale, Banque africaine de développement...), sans les citer qui ont encouragé les pays en développement à intensifier des cultures d'exportation (comme le coton), au détriment des cultures vivrières.
«Il faut aider les pays les plus pauvres à se doter d'agricultures modernes qui permettront la suffisance alimentaire. C'est le seul choix stratégique possible», a-t-il affirmé. «850 millions de personnes souffrent de la faim (...) nous ne pouvons pas l'accepter. Il faut agir et agir tout de suite. Il faut doubler la production alimentaire mondiale d'ici à 2050, tout en préservant la planète», a-t-il dit.
Nicolas Sarkozy a ainsi plaidé pour «le développement des biocarburants de deuxième génération», qui «permettront, sur la même surface agricole, de produire cinq fois plus» de ces produits. Ainsi, «on réservera le maximum d'hectares à la production agricole», a-t-il fait valoir.
Pour faire face aux problèmes alimentaires dans le monde, le président français a également proposé «un partenariat mondial pour l'alimentation et l'agriculture».
Ce partenariat doit selon lui reposer sur «trois piliers»: «le renforcement de la coordination internationale» avec la création d'un «groupe international sur la sécurité alimentaire», «la mise en réseau des connaissances scientifiques sur la sécurité alimentaire», sur le modèle du Groupe international d'étude du climat (Giec) pour le réchauffement climatique, «la mobilisation financière de la communauté internationale».
A propos du Giec, qui rassemble des spécialistes du monde entier et fait autorité auprès des responsables politiques, M. Sarkozy s'est exclamé: «Cela n'a finalement pas si mal marché. Personne aujourd'hui ne conteste les analyses du Giec.»
De la même façon, il souhaiterait que des experts scientifiques fassent, «produit par produit et région par région», un «diagnostic objectif» des besoins alimentaires, sur lequel les politiques «pourraient se reposer».
Concernant le financement, le chef de l'Etat aimerait pouvoir compter sur les fonds souverains qui ont, selon lui, «un impératif moral de sauvegarder l'alimentation de la planète». En même temps, ils trouveraient «un intérêt financier» à investir dans l'agriculture, «secteur prometteur et durable», a-t-il argué.
Pour sa part, la France consacrera un milliard d'euros au développement agricole en Afrique subsaharienne, au cours des cinq prochaines années, a réaffirmé le président Sarkozy. Ce milliard est inclu dans l'enveloppe d'aide à l'économie subsaharienne, pour cinq ans, qu'il avait annoncée en février dernier lors de sa visite au Cap.