« Aujourd'hui, les élites et les corps intermédiaires du pays se soucient comme d'une guigne de la ruralité », écrivent plus de 50 députés ruraux dans un appel publié dans Le Figaro du 2 janvier et présenté par Pierre Morel-A-l'Huissier, député de la Lozère. Parmi les autres signataires, on note la présence de Dominique Bussereau, Hervé Gaymard, Marc Le Fur, Maurice Leroy ou encore, Patrick Ollier.
« Dans la France de 2014, un exploitant agricole se suicide tous les deux jours, et le taux de suicides des paysans de 45 à 64 ans est supérieur de 40 % à la moyenne : qui s'en soucie, qui en parle ? Dans la France de 2014, 80 % du territoire se vide à grande vitesse de sa population. D'un côté, l'on s'entasse dans les grandes villes et sur les côtes. Mais de l'autre les écoles ferment, puis les petits commerces, puis les services publics, et enfin le bourg lui-même : qui s'en soucie, qui en parle ? Dans la France de 2014, plus de 5 millions de Français vivent en « zone isolée », expression statistique pudique pour dire qu'ils n'ont accès à rien des services publics que pourtant leurs impôts payent : qui s'en soucie, qui en parle ? »
« Face à cette fracture territoriale profonde qui met à l'écart près de 1 Français sur 7, il ne faut pas se laisser prendre au piège du faux amour de la ruralité qui se développe ces dernières années. Pour l'exprimer abruptement, il y a la campagne des urbains et il y a la campagne des ruraux. »
« La campagne des ruraux, c'est celle qui n'est pas assez proche des grandes villes pour que les aspirants “rurbains” s'y installent. Cette campagne-là est laissée à l'abandon, pour tout dire en jachère : paupérisation, transports raréfiés, services publics amoindris, connectivité réduite ou inexistante. »
« La campagne des urbains, ce sont des territoires ruraux en train de s'urbaniser parce que des urbains s'y installent pour tenter d'avoir « la ville à la campagne ». Cette campagne-là bénéficie d'une dynamique d'investissements : résidentialisation, meilleurs transports, meilleurs services publics, meilleure connectivité. Quand on met sur la table l'abandon de la ruralité française par le pouvoir politique, c'est toujours celle-là qui est mise en avant pour essayer de prouver qu'en fait tout va bien. »
« La campagne des ruraux, c'est celle qui n'est pas assez proche des grandes villes pour que les aspirants « rurbains » s'y installent. Cette campagne-là est laissée à l'abandon, pour tout dire en jachère : paupérisation, transports raréfiés, services publics amoindris, connectivité réduite ou inexistante ».
« Ni indifférence ni misérabilisme : au même titre que les urbains et les rurbains, la campagne des ruraux a simplement besoin qu'on l'écoute et qu'on s'occupe d'elle. Elle veut des transports en densité suffisante et qui fonctionnent. Elle veut la proximité raisonnable d'un médecin et des services de santé. Elle veut le maintien de services publics auxquels ces plus de 5 millions de Français ont droit comme tout un chacun. Elle veut l'accès à l'internet. »
« Elle veut surtout, et qu'on pardonne cette brutale franchise, que l'on cesse de traiter la campagne des ruraux comme des “bouseux” irrécupérables dans la marche du progrès économique et social. C'est nous, et personne d'autre, qui perpétuons la tradition paysanne plusieurs fois millénaire de la France. Nous avons donc droit non seulement à l'équité de traitement par les politiques publiques, mais aussi et surtout, nous avons droit au respect. »
Retrouvez l'intégralité de l'appel et la liste des signataires.