La Section nationale des anciens exploitants (SNAE) a organisé une table ronde sur les perspectives d’avenir pour les retraites agricoles, à l'occasion de son assemblée générale le 22 mars à Paris. Les pensions des anciens agriculteurs sont les plus basses avec une moyenne de 700 euros par mois contre 1300 euros mensuels toutes professions confondues. Les réformes récentes restent insuffisantes et inégalitaires et ajoutent à la complexité : un mille-feuille de mesures que même à la MSA, avoue Chantal Gonthier, administratrice, « on n’arrive pas à digérer ».
« Les retraités ne touchent pas assez mais ça coûte déjà trop cher ! » C’est sur cette boutade que M. Cochonneau, vice président de la FNSEA a défendu devant la SNAE la piste de l’instauration d’une TVA sociale. Elle « permettrait de diminuer les cotisations des exploitants et redonner ainsi plus de compétitivité aux entreprises en baissant les charges. La TVA sociale serait payée par tous, population et touristes qui bénéficient de nos paysages » a argumenté M. Cochonneau. Elle s'appliquerait aussi aux produits importés. Un système qui fonctionnerait si la grande distribution n’augmente pas ses marges et « joue le jeu ». Cette mesure pourrait créer de l’inflation et pénaliser les ménages modestes » avertit M.Guégano du Conseil d’Orientation des Retraites.
Le minimum vieillesse de 621 euros par mois est tout juste atteint. Il y a en 2005, 1,86 million d’anciens exploitants agricoles dont la retraite moyenne est de 700 euros par mois, avec un minimum 621euros par mois et un maximum de 1340 euros par mois pour une carrière complète.
La loi Fillon sur la réforme des retraites prévoit d’atteindre pour 2008, 85% du SMIC pour tout retraité avec une carrière complète. « Même si elle est légitime, cette rémunération sera difficile à obtenir » déclare le représentant de M. Bussereau. A noter qu’il y a encore 900 000 anciens exploitants qui ne bénéficient ni de RCO (retraite complémentaire obligatoire) ni de revalorisation, et qui perçoivent moins de 6000 euros par an. La revalorisation a concerné un retraité sur deux. La MSA étudie la possibilité de prendre en compte les 25 meilleures années de cotisations pour calculer la pension.
Une autre priorité pour la SNAE : améliorer le régime de reversion pour les conjointes survivantes actuellement très démunies au décès de leurs maris. LA SNAE demande à l’Etat une participation à 50% au coût de cette mesure, ce qui ne créerait pas de cotisations supplémentaires pour les agriculteurs.
Avec un actif agricole pour trois retraités du secteur contre un pour deux dans le régime général, l’appel à la solidarité nationale est nécessaire. A l’horizon 2050 le rapport va changer avec un actif agricole pour deux anciens exploitants.
Aujourd’hui les cotisations agricoles génèrent 1 milliard d’euros pour des prestations à servir de 8 milliards d’euros : cet écart est comblé par les transferts de compensation (4 milliards d’euros) et des subventions publiques (2,5 milliards d’euros).
La moitié du financement provient de la taxe sur le tabac. « Il serait prudent de trouver une ressource de financement plus pérenne » demande la SNAE. « Le régime agricole est efficace et l’agriculteur cotise pour ses prestations à hauteur de 17%, comme quelqu’un du régime général ; il ne faut pas culpabiliser le monde agricole » tempère M.Guégano .