Après avoir obtenu des revenus en hausse en 2007, les agriculteurs de l’Aisne vont voir à nouveau leurs revenus baisser en 2008. «Malgré des rendements plus élevés et des chiffres d’affaires à l’hectare en augmentation, la hausse des charges va entraîner en 2008, une baisse à la fois des EBE (excédents bruts d’exploitation) et des revenus dans les exploitations de l’Aisne», constate François-Xavier Thirard, chargé des études à CER France 277 (Aisne et Seine-et-Marne).
En système de polycultures céréales-betteraves, dans la région de Saint-Quentin, par exemple, le produit moyen augmente de 4%, à 1.687 €/ha, mais les charges grimpent de 9%. Résultats, l’EBE moyen recule de 4% et le revenu courant, de 9%, à 488 €/ha.
Ce sont les postes "carburant" (+30%) et "engrais" (+20%) qui augmentent le plus entre 2007 et 2008. Néanmoins, toutes les charges sont en hausse, y compris le fermage et la MSA, compte-tenu de l’augmentation des revenus 2007.
«Le constat est le même, quel que soit le système de production, ajoute le conseiller de gestion. En système céréales-oléoprotéagineux du Tardenois, par exemple, bien que le chiffre d’affaires (1.590 €/ha) augmente de 1%, le revenu courant (373 €/ha) baisse de 19%».
En élevage laitier, la hausse de la production combinée à l’augmentation du prix du lait se traduit par une augmentation du produit à 'hectare de 3% en moyenne, à 2.563 €/ha, alors que le revenu courant recule de 13%, à 407 €/ha. La chute de revenu la plus forte (-27%) est enregistrée en système mixtes cultures-bovins viande.
CER France 277 a également réalisé une simulation pour la récolte 2009, en intégrant une hausse de prix des intrants encore plus forte. «Pour obtenir le même revenu qu’en 2006, année moyenne pour le département, indique Thierry Lemaître, également chargé des études au centre de gestion, les agriculteurs devront vendre leur blé, 26,6 € de plus la tonne, qu’en 2006».
Créer une «déduction pour volatilité» Sur le plan fiscal et social, la forte remontée des cours en 2007 a provoqué une hausse des impôts sur le revenu et des prélèvements sociaux qu’il aurait été préférable d’étaler sur plusieurs années. «Afin d’éviter des prélèvements en dents de scie d’une année sur l’autre, il serait peut-être judicieux de créer une DPV, «déduction pour volatilité» à l’image des DPI (déduction pour investissement) et DPA (déduction pour aléas climatiques), qui existent déjà» suggère Jean-François Capelle, président de Cer-France 277. |