Grâce aux averses qui ont arrosé le territoire, le poids de mille grains pourrait être la seule variable d'ajustement pour les cultures d'hiver les moins avancées.
Alors que les cultures d'hiver présentaient d'excellents potentiels au début de l'année, la sécheresse a depuis fait fondre, dans beaucoup de régions, les estimations de collecte de 15 à 25 % en moyenne. Seules les zones maritimes du nord de la France sont plus optimistes.
Les pluies qui sévissent depuis plus d'une semaine ont au moins un effet bénéfique sur le moral des agriculteurs. Mais elles ont été très localisées et très variables, allant de quelques gouttes à plus de 100 mm.
Pour l'orge d'hiver, le colza, le pois, voire les blés les plus précoces, proches de la récolte, ces précipitations sont souvent arrivées trop tard pour améliorer le rendement, d'autant que les stades avaient entr dix jours et trois semaines d'avance. Comble de l'ironie, alors qu'on les attendait depuis plusieurs mois, elles pourraient finir par affecter la qualité des céréales (poids spécifique, temps de chute de Hagberg…) si elles se prolongeaient.
De nombreux chantiers de récolte se retrouvent bloqués et attendent quelques jours de soleil pour reprendre leur cours.
En Aquitaine, l'alternance de pluie et de sécheresse fait même craindre l'ouverture des siliques des colzas. Au final, dans le Sud-Ouest, l'avance qui avait été prise n'est plus tant d'actualité.
« Beaucoup de composantes de rendement ont été atteintes »
Si la plupart des composantes de rendement ont été affectées par le climat sec, certains évoquent toutefois des possibilités de rattrapage pour les cultures les plus tardives, notamment en terres profondes, dans les Pays de la Loire, le Centre, en Bourgogne, dans le Rhône-Alpes, au nord du Poitou-Charentes et même sur blé dur dans le Sud. Seule l'augmentation du PMG, grâce aux précipitations, pourrait permettre de « rattraper » un peu les résultats.
Au nord de la Seine, l'impact des précipitations devrait être plus marqué. « Pour ces régions, les pluies vont aider pour la phase finale du remplissage des grains de blé tendre, sous réserve qu'il n'y ait pas d'échaudage. Mais le temps actuel, plutôt doux, est favorable », ajoute, optimiste, Jean-Charles Deswarte, chez Arvalis.
Moissons aux prémices
Toutes cultures confondues, les premiers résultats sont d'ores et déjà très hétérogènes, « plus encore qu'habituellement ».
« Les récoltes de pois d'hiver et de printemps ont commencé pour les parcelles les plus avancées », informe l'Unip (Union nationale interprofessionnelle des plantes riches en protéines). Les premiers échos de rendement dans le Sud-Ouest, le Poitou-Charentes, les Pays de la Loire et le Berry sont très faibles, avec 25-35 q/ha, voire moins parfois. Plus au nord, les situations sont très variables et les pluies pourront profiter aux parcelles qui présentaient le meilleur potentiel.
Les rendements des escourgeons sont également en baisse. Mais ils représentent parfois une bonne surprise en oscillant en moyenne entre 40 et 65 q/ha. Semés plus tôt que les blés, il a pu y avoir un phénomène d'esquive et ils ont donc parfois moins souffert que d'autres cultures. En petites terres, certaines parcelles n'atteignent en revanche que difficilement les 15 q/ha, comme dans le Poitou-Charentes.
Quant aux orges brassicoles d'hiver, leur calibrage est souvent faible et leur taux de protéines (qui ne doit pas être trop élevé) inquiète. « Nous avons apporté de l'azote pour des orges avec des potentiels initiaux de 80 q/ha, mais le rendement devrait être bien inférieur à cela. Il y a donc un risque de concentration du taux de protéines dans le grain », indique un opérateur de l'Eure-et-Loir.
En colza, dans le grand Sud-Ouest et le Rhône-Alpes notamment, les premiers échos montrent des résultats là encore très irréguliers avec, par exemple, de 0 à 20 q/ha en Aquitaine en terres superficielles et des chiffres proches de 30 q/ha en bonnes terres.
Pluies bénéfiques aux cultures d'été
La précocité générale des récoltes d'orge et de colza, comme le manque de fourrage, incite certains agriculteurs à s'intéresser aux cultures dérobées. « Il faut rapidement se positionner car les semences risques de manquer », appuie un technicien de l'Eure.
L'orge de printemps semble avoir été l'une des cultures qui a le plus souffert. En Picardie, dans la Nord-Pas-de-Calais, en Normandie et en Champagne, où elle a pu avoir du mal à épier, les professionnels sont soucieux.
Dans les régions productrices de lin textile, on s'inquiète également, car la culture a été aussi fortement handicapée par la sécheresse avec notamment des tiges très courtes, à peine arrachables.
Quant aux féveroles, plus tardives que les pois, elles pourraient par endroit bénéficier de ce retour de pluies.
Dans leur grande majorité, les betteraves, les pommes de terre, les tournesols, les sorghos, les sojas et les maïs sont en bonne posture. Des problèmes de désherbage ont pourtant pu être rencontrés sur maïs.