Une centaine d'agriculteurs ont investi un supermarché de l'agglomération de Rodez (Aveyron) mardi matin, apposant des étiquettes dans les rayons pour protester contre le groupe Savencia, qui ne respecte pas, selon eux, ses engagements sur le prix du lait.
A l'appel de la FDSEA et des Jeunes agriculteurs (JA) du département, les manifestants ont garé sept tracteurs, dont trois avec des remorques de lisier, sur le parking du supermarché, où ils sont entrés vers 10h30, a constaté un photographe de l'AFP. Ils ont ensuite investi les rayons et collé des étiquettes sur des fromages de marques Saint-Moret, Fol Epi ou Caprice des dieux, des marques appartenant au groupe Savencia (ex-Bongrain). Les éleveurs avaient inscrit les mentions : « Fabriqué avec du lait vendu à perte », « éleveur étranglé, Savencia engraissé » sur ces autocollants. Les manifestants ont aussi rempli des chariots de supermarchés, y plaçant notamment de la crème fraiche et de la chantilly.
L'action se déroulait dans le calme en fin de matinée, une porte-parole de la FDSEA soulignant l'« accueil courtois des directeurs de magasin ». « Il y a eu une table ronde le 24 juillet et Savencia a annoncé à ses producteurs qu'il ne se sentait pas concerné par les engagements de la table ronde », s'est indigné par téléphone auprès de l'AFP Michaël Chavatte, président de la section bovin lait de la FDSEA, qui s'alarme d'un lait « payé à peine 300 euros » les 1000 litres.
Lactalis et Sodiaal « vont suivre ! »
L'Aveyron n'est pas concerné par la politique d'achat du groupe, précise M. Chavatte, mais par celle du groupe Lactalis et de la coopérative Sodiaal. Toutefois, si une entreprise comme Savencia ne paye ses producteurs que 300 euros, Lactalis et Sodiaal « vont suivre ! Donc, on veut vraiment stigmatiser cette entreprise qui se fait de la marge sur notre dos », a-t-il affirmé. Le groupe prévoit de mener des actions similaires dans d'autres enseignes de l'agglomération durant la journée.
Dans la Loire, des éleveurs s'en sont aussi pris vendredi à Savencia, en déréférençant temporairement des produits dans des supermarchés de l'agglomération de Saint-Etienne.
Le 24 juillet, les producteurs de lait avaient obtenu une revalorisation des prix du lait de 4 centimes par litre. Mais à peine signé, l'accord était déjà décrié car il concerne uniquement le beurre, la crème, le lait, les yaourts nature et l'emmental vendus sous marques de distributeurs ou premier prix en France.