Le président de la Banque mondiale, Robert Zoellick, a estimé jeudi que les prix des produits alimentaires mondiaux étaient parvenus « dans la zone dangereuse ».
« Nous sommes dans la zone dangereuse, parce que les prix ont déjà augmenté, et que les stocks pour beaucoup de matières premières sont relativement bas », a déclaré M. Zoellick lors d'une conférence de presse à Washington, en ouverture des réunions de printemps du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale.
La situation n'est pas la même pour tous les aliments, mais dans tous les cas « ce sont les pays pauvres qui sont les plus touchés », a-t-il rappelé.
« Pour beaucoup d'économies de l'Asie de l'Est qui concentrent leur attention sur le riz, la situation est un peu meilleure. Mais le riz est une matière première qui est très peu échangée sur les marchés. Seulement 7 % de la production l'est. Donc s'il se passait quelque chose, cela mettrait manifestement plus de pression » sur les prix, a-t-il ajouté.
« Les prix alimentaires sont supérieurs de 36 % à ce qu'ils étaient il y a un an et restent proches de leur pic de 2008. Déjà, 44 millions de personnes sont tombées sous le seuil de pauvreté depuis juin dernier », a noté M. Zoellick.
Si l'indice des prix alimentaires établi par la Banque mondiale « augmente encore de 10 %, nous estimons que 10 millions de personnes supplémentaires vont tomber dans l'extrême pauvreté, sous le seuil de 1,25 dollar par jour », a-t-il prévenu. « Et une augmentation de 30 % ajouterait 34 millions de personnes aux pauvres du monde, qui sont déjà 1,2 milliard ».
M. Zoellick a appelé le G20, présidé par la France qui a fait de l'alimentation une de ses priorités, à prendre des mesures pour contrôler la volatilité des cours et renforcer la sécurité alimentaire.
Ainsi, les pays qui imposent un embargo sur leurs exportations de produits alimentaires devraient « au minimum exclure les organisations humanitaires, comme le Programme alimentaire mondial » (Pam) de cet embargo, a indiqué M. Zoellick.
« Ce ne sont pas les prix alimentaires qui ont provoqué les crises au Proche-Orient et en Afrique du Nord. Mais ils les ont aggravés », a-t-il remarqué.