Plus de 2.000 manifestants – éleveurs, agriculteurs, chasseurs – ont dénoncé le 28 juin à Foix « l'ensauvagement » de la montagne et les « contraintes » qui pèsent sur leurs activités en raison des mesures de protection de l'ours, des vautours et, non loin de l'Ariège, du loup.
Précédée par une opération escargot dans la matinée aux abords de Foix, la manifestation a réuni 2.500 personnes selon la police et 4.000 selon les organisateurs et s'est déroulée dans le calme, a constaté une correspondante de l'AFP. Le cortège, également composé d'une centaine de tracteurs et parsemé de brebis, chevaux et taureaux, s'est finalement massé devant la préfecture de l'Ariège, où des carcasses de brebis et du fumier ont été déversés sur la chaussée.
« Stop au massacre », « Touche pas à ma montagne », « Loups, vautours, ours : stop » : les banderoles déployées dans le cortège entendaient alerter les pouvoirs publics sur le « ras-le-bol » des éleveurs, agriculteurs et chasseurs réunis à l'appel des syndicats agricoles FDSEA et Jeunes Agriculteurs et de la Fédération des chasseurs de l'Ariège notamment. « C'est l'exaspération du monde rural aujourd'hui. Demain, ce sera la révolte », a lancé le président des chasseurs de l'Ariège, Jean-Luc Fernandez.
Le vautour exacerbe les tensions
Les manifestants ont critiqué pêle-mêle « l'expansion incontrôlée du loup », dont la présence est avérée dans l'Aude voisine, la réintroduction « à l'étude » d'une dizaine d'ours supplémentaires dans le massif et la prolifération du vautour fauve. C'est ce dernier animal, considéré par ses défenseurs comme un excellent rempart contre les épidémies, qui a exacerbé les tensions récemment.
Les éleveurs ariégeois dénoncent depuis quelques semaines les attaques de vautours fauves, une espèce protégée d'oiseau charognard, contre du bétail vivant et en bonne santé. Alors que les charognards se nourrissent de cadavres d'animaux ou à la rigueur d'animaux en état de faiblesse, le vautour a « changé ses pratiques alimentaires », disent-ils, et s'attaque désormais « à des animaux vivants ».
« Dans la mesure où les vautours ont changé de comportement et s'attaquent à des bêtes vivantes, ça force les éleveurs à une surveillance constante de leurs troupeaux qu'ils ne peuvent pas assurer en pratique », a expliqué à l'AFP François Toulis, président de la chambre d'agriculture de l'Ariège. Ce dernier a plaidé pour une autorisation d'abattre des vautours qui menaceraient un troupeau, citant l'exemple des 6.000 sangliers tués chaque année par les chasseurs en Ariège dans le cadre de la régulation de l'espèce.
De leur côté, les associations de défense de l'ours, du loup, et plus généralement de la faune sauvage, contestent énergiquement que le vautour soit devenu un prédateur et, par la voix d'Alain Reynes, directeur de l'association Pays de l'Ours-Adet, jugent la manifestation de samedi « anachronique » et l'opposition systématique aux grands carnivores « stérile ».