En clôture de l'assemblée générale d'Inaporc, qu'il préside, Guillaume Roué a demandé au représentant du ministre de l'Agriculture de libérer la filière porcine des boulets qu'elle a aux pieds, et notamment les élevages. « On est à l'heure des choix, reconnaît-il. [...] On va passer des périodes extrêmement compliquées, et je sais de quoi je parle. Il va y avoir des discussions qui seront douloureuses. Mais notre objectif à tous est que, demain, on puisse retrouver une filière porcine française qui soit fière d'être sur ce marché, tant au niveau national qu'international. »
Les distorsions de concurrence avec l'Allemagne concernant la main-d'œuvre dans les abattoirs, sont évidemment revenues sur le tapis. Mais ce sont les contraintes réglementaires et environnementales qui ont occupé le devant de la scène. « J'écoutais ce matin madame Batho [...] expliquant que son budget allait baisser de 7 % [en 2014, NDLR] et que l'écologie ne pouvait pas être la variable d'ajustement budgétaire. Tous les entrepreneurs qui sont dans cette salle, sans exception, savent que, depuis 20 ans, l'écologie a été la variable d'ajustement de leur métier. »
Plusieurs personnes dans la salle ont manifesté leur impatience auprès du conseiller technique de Stéphane Le Foll concernant la réglementation environnementale, en particulier celle sur les installations classées, après l'annonce du ministre de créer un régime d'enregistrement qui s'intercalerait entre celui de la déclaration et celui de l'autorisation. « Pour l'instant, on a eu une annonce, rappelle Gérard Bourcier, de la FRSEA des Pays de la Loire. Mais ça traîne. Je pense qu'on nous mène en bateau et on commence à avoir le mal de mer. »
Battant le fer tant qu'il était chaud, Philippe Bizien, le président du Comité régional porcin de Bretagne, a enfoncé le clou en attaquant le sujet de la directive nitrates. « Monsieur le ministre a annoncé qu'il voulait revenir à 25 millions de porcs, relate-t-il. A un moment donné, il faudra des actes. En Bretagne et dans la région Grand Ouest, s'il n'y a pas de réforme ambitieuse des ZES (zones d'excédent structurel), tout ce qui a été annoncé ne servira [concernant le régime d'enregistrement, NDLR] à rien. Desserrez un peu nos liens. On sait faire. On l'a prouvé. Et là, peut-être, vos objectifs pourront être atteints. »
En guise de réponse, Jean-Guillaume Bretenoux, le représentant du ministre, a rappelé que, concernant les installations classées, le gouvernement en place avait choisi une voie différente du précédent. « Le passage au seuil européen, on peut le porter, on peut dire que ce serait extraordinaire, génial.... Ça a déjà été proposé par le gouvernement précédent, ça n'a pas été voté sous une majorité différente. Je suis obligé de vous le dire comme cela. A un moment donné, c'est ce qui s'est passé. Donc, on a choisi d'introduire une simplification, de créer un régime d'enregistrement, qui, lui, sera une réelle avancée. »
Sur les délais, le représentant du ministre a reconnu que la mise en place du régime de l'enregistrement prenait du retard. L'engagement date d'avril. « Depuis, les choses peinent à avancer, admet-il. Je suis obligé de le reconnaître. Le ministre a ressaisi le Premier ministre dans le cadre de la simplification en discussion ce mois-ci. » En revanche, concernant la directive nitrates, la réponse est moins claire. Il faudra visiblement attendre l'an prochain et la loi d'avenir agricole pour voir si la situation évolue dans le sens souhaité par la production.
Sur la directive nitrates, le conseiller de Stéphane Le Foll a fait réagir la salle. « Si on en est là [...], c'est aussi parce qu'on n'a pas fait le nécessaire précédemment. [...] On a été condamnés il y a trois semaines. [...] Si aujourd'hui on ne montre pas à l'Union européenne qu'on fait les choses correctement, non seulement on aura une pénalité financière, mais on nous imposera des contraintes plus strictes. On dit toujours qu'on lave plus blanc que blanc en France. Mais en Europe, [...] le ministre entend : vous nous parlez du coût du travail, mais vous ça fait 20 ans que vous ne respectez pas la directive nitrates et que ça donne un avantage de compétitivité à vos élevages. Je suis obligé de le dire comme ça. Je ne dis pas que c'est de bonne foi, mais c'est comme cela que c'est présenté au ministre lorsqu'il voyage. »