La société d'abattage et de découpe de porcs Gad SAS (1.700 salariés), qui a accumulé les dettes en raison de la crise porcine, envisage dans un plan de continuation présenté le vendredi 28 juin 2013 aux représentants du personnel de supprimer plus de 900 emplois en ne gardant qu'un abattoir sur les deux du groupe.
« On s'y attendait, ce n'est pas une surprise », a expliqué Olivier Le Bras, délégué central FO, à l'issue du comité central d'entreprise extraordinaire (CCE) qui se tenait à Rennes vendredi après-midi. Depuis plusieurs semaines, des informations circulaient en effet sur la volonté des actionnaires du groupe de se séparer de l'un de ses deux abattoirs.
La direction a confirmé vendredi les craintes des syndicats avec son projet de plan de continuation de Gad SAS, placée en redressement judiciaire le 27 février par le tribunal de commerce de Rennes, avec une période d'observation fixée jusqu'au 21 août. La direction a ainsi confirmé les craintes des syndicats : la fin de l'activité d'abattage et de découpe de l'un des deux abattoirs du groupe, à Lampaul-Guimiliau (Finistère), soit près de 800 emplois.
Les activités d'abattage et de découpe du groupe seraient ainsi recentrées sur le second abattoir à Josselin (Morbihan, plus de 600 salariés) où 343 emplois pourraient être créés, a noté Annick Le Guével, secrétaire CFDT du comité d'entreprise. Selon la syndicaliste, environ 400 reclassements pourraient aussi être proposés au sein de la Cecab (groupe coopératif agroalimentaire, actionnaire majoritaire à 65 % de Gad SAS, les 35 % restants étant détenus par le groupement de producteurs de porcs Prestor).
Le plan projette aussi de fermer le site de fabrication de produits élaborés de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) où travaillent entre 64 (selon une source proche de la direction) et 80 salariés (syndicats), et le siège du groupe à Saint-Martin-des-Champs (Finistère), avec 54 salariés. Le projet de plan de continuation, pour qu'il soit validé, doit être présenté devant le tribunal de commerce de Rennes, ce qui pourrait être fait « à la fin d'août ou au début de septembre », selon Olivier Le Bras, délégué central FO.
Surcapacité industrielle
Ce plan de continuation sera néanmoins soumis à l'écrasement de la dette du groupe et à un maintien de l'engagement de l'actionnaire fournisseur Prestor pour l'approvisionnement en porcs, note-t-il. Direction et représentants du personnel doivent se rencontrer à nouveau en CCE le 11 juillet pour discuter du projet de plan de continuation.
La fermeture au 20 août de l'abattoir de Lampaul-Guimiliau avait été annoncée par les élus locaux à la fin de mai, mais la direction de Gad SAS avait alors dit que « toute décision était à ce stade prématurée ».
Un courrier interne devait être envoyé lundi aux salariés pour leur présenter les termes du projet de plan de continuation, a indiqué une source proche de la direction qui précise que le projet n'est pas encore abouti.
Depuis l'annonce du redressement judiciaire de Gad SAS, les syndicats et les élus locaux dont les sites étaient menacés ont multiplié les actions pour réclamer le maintien des emplois. Mais Gad SAS, déficitaire depuis 2008, a, selon une source proche du dossier, accusé 20 millions d'euros de pertes en 2012, en raison notamment d'une baisse de la production porcine française dans un contexte de forte concurrence internationale.
L'abattoir de Lampaul-Guimiliau a ainsi connu une baisse d'activité de l'ordre de 10 % en 2012 et celui de Josselin un recul de 4,45 %, selon les chiffres du Sniv/SNCP qui regroupe les entreprises françaises de la viande. Avec seulement 43.000 à 45.000 porcs abattus par semaine (soit, en 2012, 1,1 million de porcs par an à Lampaul et 1,25 million à Josselin), les abattoirs de Gad SAS étaient en surcapacité industrielle, selon la Cecab.
Aucun repreneur ne s'est manifesté dans le cadre de la procédure de redressement judiciaire, selon une source syndicale.