C'est le SNIV-SNCP qui a vendu la mèche dans un communiqué de presse diffusé lundi en début d'après-midi. Il y a annoncé que Cooperl Arc Atlantique et les outils du groupe Bigard-Socopa ne seraient pas présents au Marché du porc breton (MPB) ce lundi. La séance a donc dû être annulée. Ces deux entreprises ont acheté un peu plus de 30 % des porcs vendus au Cadran de Plérin en 2014.
Prévenus par courrier en fin de semaine dernière, les organisateurs du MPB ont attendu 15h00, heure prévue dans le règlement intérieur du marché, pour constater l'absence des deux poids lourds français de l'abattage, et annuler les enchères. « On est sur un prix politique qui ne correspond pas à la réalité économique du marché », argumente Patrice Drillet, le président de Cooperl Arc Atlantique.
Le prix arrive donc en tête des éléments dénoncés par le SNIV-SNCP. « La production, soutenue par les Pouvoirs Publics, et avec l'aide d'un règlement du MPB suranné, obtient les prix les plus élevés d'Europe, sans trop se soucier du devenir des abattoirs », affirme le syndicat. Jean-Paul Bigard, le président du syndicat, ne rate jamais une occasion d'égratigner le MPB.
« Manipulations de cours »
Les critiques du SNIV-SNCP visent également l'aval de la filière, les salaisonniers d'abord. Il est visiblement compliqué d'obtenir une revalorisation du prix des pièces, face à eux. « Ils sont durs en affaire, constate Paul Rouche, le directeur délégué du syndicat d'abatteurs. Ils ne se cassent pas la tête. Il y a 70 centimes d'écart entre le jambon désossé français et espagnol. »
Les entreprises d'abattage dénoncent aussi le comportement des distributeurs, et en particulier celui de Leclerc et Intermarché, propriétaire d'abattoirs, qui achètent des porcs au MPB. « En tant que distributeurs, ils ne jouent pas le jeu, poursuit Paul Rouche. Ils jouent la hausse au Cadran, et refusent les demandes de revalorisation formulées par les industriels de la charcuterie. »
Ce modèle intégré, Jean-Paul Bigard l'a aussi déjà pointé du doigt lors de l'assemblée générale du SNIV-SNCP. Aujourd'hui, le syndicat va plus loin, conseillant à « l'Autorité de la Concurrence [de] s'interroger sur les manipulations de cours qui perdurent depuis plus de 2 mois et sur les formes d'intégrations verticales qui déstabilisent totalement les maillons abattage-découpe et transformation. »