La Confédération paysanne a rendu publique, le 12 mars 2015, une lettre ouverte adressée à Stéphane Le Foll concernant la filière porcine. L'organisation syndicale y constate que la crise que connaît le secteur est désormais « plus structurelle que conjoncturelle ». Elle demande au ministre des aides directes pour les producteurs, la « fin de la stratégie de l'exportation à tout prix » et « un plan stratégique de reconquête de la valeur ajoutée, des marchés intérieurs, des marchés d'exportation rémunérateurs ».
La Confédération paysanne considère que la façon dont les crises se règlent habituellement dans la filière porcine n'est pas la bonne voie. Elle refuse d'« attendre la crise aigüe, que la restructuration se fasse par la baisse anarchique du nombre de producteurs et des outils d'abattage, tout en réclamant l'intervention des pouvoirs publics pour aider les plus gros, assimilés à tort aux plus compétitifs ». Comme dans d'autres secteurs, le syndicat défend l'idée d'« anticiper et éviter les crises, en se dotant d'outils de régulation de la production et des marchés ».
Parmi les mesures que demande l'organisation figurent des aides directes qu'elle souhaite ciblées sur « les élevages familiaux de moins de 200 truies. L'emploi à la production mérite autant d'être soutenu que l'emploi à l'abattage-transformation. La stratégie du maintien du potentiel de production en le concentrant pour maintenir les emplois dans les industries agroalimentaires montre aujourd'hui ses limites. »
La Confédération demande aussi la mise en place d'un « plan stratégique de reconquête de la valeur ajoutée, des marchés intérieurs, des marchés d'exportation rémunérateurs. Cette réorientation vitale nous parait impossible tant qu'il n'y aura pas eu une réorganisation au niveau de l'aval. [...] La filière doit être capable de se pencher collectivement sur son avenir, et d'abord de faire son autocritique. Nous appelons à passer d'une gestion à court terme et au petit bonheur la chance du coût de revient à une stratégie à moyen et long terme de création de revenu par le prix. »
Si la Confédération paysanne soutient les mesures annoncées par le ministre en faveur des producteurs, elle se montre, comme beaucoup d'autres intervenants de la filière, « plus que dubitative sur l'intérêt des aides au stockage privé qui peuvent certes maintenir a minima les cours en ce moment mais qui les feront chuter au moment du déstockage si aucune mesure structurelle n'est mise en place en parallèle ».