Depuis la mi-avril, le groupement porcin Syproporcs, adossé à la coopérative Le Gouessant (Lamballe), propose une nouvelle forme de commercialisation des porcs à ses producteurs : le marché à livraison différé.
Cet outil permet à l'éleveur de contractualiser, pour une période donnée, sur un prix de base connu, un volume fixé à l'avance.
« Pendant longtemps, être bon techniquement suffisait pour passer les crises. Ce n'est plus le cas dans un contexte de volatilité importante des matières premières. Il est indispensable de sécuriser le prix de vente du porc », explique Hervé Gaté, président du groupement.
D'où ce concept d'un marché à livraison différé à l'instar de ce qui existe déjà pour l'aliment. Comment ça marche ? Un contrat est passé entre l'éleveur, l'abattoir et le groupement. L'éleveur est informé chaque semaine d'une nouvelle cotation mensuelle proposée par l'abattoir. Le groupement s'occupe de la logistique.
« Surtout, il assure la garantie de bonne fin des opérations pour suppléer un producteur défaillant », explique Daniel Bellec, son directeur. Seule contrepartie demandée à l'éleveur, une obligation de suivre une formation spécifique sur les marchés.
Se prendre en main
Le groupement a initié cette démarche dès août 2009, mais il a fallu du temps pour créer l'outil et surtout trouver des partenaires. Pour l'instant, un seul abattoir a tenté l'expérience, l'abattoir Kermené à Collinée (Côtes-d'Armor) et une petite dizaine d'éleveurs.
Même s'il admet que la période n'est pas facile pour sensibiliser les éleveurs avec un prix du porc qui s'améliore, pour Hervé Gaté, la période est favorable du côté des abatteurs avec des outils qui cherchent à sécuriser leurs approvisionnements.
« Ce sont les crises des années 1960 qui ont entraîné la création du Marché du porc breton (MPB). Chaque génération doit apporter les réponses de son temps » estime-t-il. « Pas question de remettre en question le MPB, les deux marchés doivent coexister en parallèle », indique Daniel Bellec, qui rappelle que Syproporcs est le deuxième apporteur au MPB (65 % de sa production).
« L'important est de redonner le pouvoir de décision à l'éleveur. A lui de piloter sa stratégie commerciale grâce aux nouveaux outils qui existent », affirme Hervé Gaté.