Une semaine après Bigard, Cooperl a annoncé le 25 septembre qu'elle ne paiera plus ses éleveurs selon la grille du Marché du porc breton (MPB). La veille, deux nouveaux acheteurs avaient quitté le marché, entrainant l'absence de cotation. Dès le 28 septembre, la coopérative bretonne payera les animaux vivants de ses adhérents sur la base d'un prix d'acompte « tenant compte de la réalité du marché », qui sera porté à la connaissance des adhérents de façon hebdomadaire. Cette semaine, il serait fixé à 1,30 €/kg.
Cooperl estime que les 1,40 €/kg mis en place par le gouvernement en vue de soutenir les trésoreries des éleveurs porcins représentent une entente. « Ce prix, salutaire à court terme pour les éleveurs, a déplacé la crise dans les abattoirs, argumente-t-elle. Ceux-ci achètent aujourd'hui les porcs français plus cher aux éleveurs mais les vendent à perte car les prix des animaux vivants sur le marché européen sont beaucoup plus bas. » Ainsi, ce nouveau mode de fixation du prix se justifierait notamment par la concurrence des tarifs à l'exportation. Cooperl rappelle que 35 % de sa viande est commercialisée hors de France, « ce qui l'expose à la concurrence étrangère, et notamment celle de l'Allemagne. »
Néanmoins, la coopérative assure que, « malgré la détérioration alarmante de ses indicateurs économiques », elle poursuivra le ramassage et l'abattage des porcs de ses adhérents. « Notre coopérative est parfaitement consciente des difficultés de la filière et souhaite contribuer à son redressement, et ce au profit de tous les éleveurs de porcs », martelle-t-elle.
Cooperl dresse également une liste de mesures qu'elle souhaite voir mises en place par le ministre de l'Agriculture :
• Exportation : mise en place d'une aide européenne d'urgence visant à dégager le marché intérieur de la surproduction conséquente à la fermeture du marché russe ;
• Etiquetage de l'origine : ordonnance gouvernementale rendant obligatoire immédiatement l'étiquetage de l'origine des viandes dans les produits transformés ;
• Ccoût du travail : allègement sectoriel massif des charges sur le travail pour retrouver une compétitivité face au travail détaché auquel ont recours à grande échelle les opérateurs allemands ;
• Fiscalité : compensation des agriculteurs français pour l'avantage fiscal que représente la « TVA forfaitaire » accordée aux producteurs allemands ;
• Réglementation : allègement de la surréglementation française en matière d'installations classées pour l'aligner sur les exigences européennes et faciliter ainsi la restructuration et la modernisation des élevages.
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