La Pac porte atteinte au développement des pays pauvres et doit être réformée de manière urgente, ont dénoncé jeudi à Bruxelles des représentants de la Campagne des Nations unies pour les objectifs du millénaire et d'ONG.
« Une Pac non réformée continuera de nuire aux efforts de l'UE et d'autres donateurs en vue d'éradiquer la pauvreté », a averti Eveline Herfkens, fondatrice de cette campagne destinée à réduire la pauvreté dans le monde de moitié d'ici à 2015, lors d'une conférence à Bruxelles.
« Il est temps pour l'UE de tenir ses promesses en matière de développement et de s'assurer que les politiques agricoles et les subventions bénéficient au développement rural et à l'environnement sans porter atteinte aux pays en développement », a-t-elle ajouté.
Selon les participants à la conférence, l'UE, premier donateur mondial en matière d'aide au développement, contribue en même temps à maintenir les pays en développement dans la pauvreté en les concurrençant avec des produits agricoles fortement subventionnés comme la poudre de lait. Ou en limitant leur accès au marché européen par des droits de douane et des obstacles administratifs.
Les subventions européennes contribuent à la surproduction et ne favorisent pas le maintien de capacités de production dans les pays pauvres, a analysé Teresa Cavero, de l'ONG Oxfam. Selon elle, « l'Europe ne peut et ne doit pas nourrir le monde ».
Pour être efficace, la prochaine réforme de la Pac devra notamment éliminer les subventions directes à l'exportation et augmenter l'accès au marché européen des produits des pays en voie de développement, a estimé Mme Cavero.
Pour Eckhard Deutscher, président du comité d'aide au développement de l'OCDE, le manque de cohérence entre les politiques européennes en matière de commerce, de développement, d'agriculture et d'environnement « est le plus grand défi pour l'UE ».
En 1986, l'entrée de l'Espagne et du Portugal dans l'UE a eu pour conséquence une extension des subventions agricoles à des productions également produites dans des pays pauvres, comme les agrumes, et donc une concurrence européenne accrue sur ces fruits, a relevé Mme Herfkens.
Depuis, grâce aux réformes successives de la Pac, « il y a eu du progrès, mais ce n'est pas assez », a souligné Mme Herfkens.