Henri Nallet, auteur d'un livre intitulé « L'Europe va-t-elle perdre ses paysans », a débattu avec Hervé Gaymard lundi 10 janvier à l'invitation de l'Afja (association française des journalistes agricoles).
Tirant les leçons du passé, les deux anciens ministres de l'Agriculture regrettent que les ultralibéraux du groupe de Cairns aient réussi à imposer le démantèlement de la Pac.
Ils demandent aux politiques de réinvestir la question agricole et de défendre la spécificité européenne : le moment est bien choisi entre révoltes alimentaires et révision de la Pac pour faire preuve d'imagination.
Inutile d'espérer un retour aux mécanismes d'intervention ou aux quotas. Les négociations internationales sont en panne. L'Europe doit sans complexe imaginer un système qui soit acceptable par les consommateurs. Les aides actuelles fondées sur l'année 1992 ne pourront pas perdurer. Henri Nallet propose donc une aide flexible au revenu justifiée par les services rendus par les agriculteurs (biens publics, environnement). La Pac prendrait alors une allure plus acceptable, estime-t-il.
Pour les deux anciens ministres, il faut une agriculture hautement productive. Le virage du respect de l'environnement a déjà été pris par les agriculteurs. Selon Henri Nallet, « on a fait le plein de politiques réglementaires. Trouvons maintenant un système plus simple et plus efficace ».
Pour Hervé Gaymard, « finissons-en avec le pilonnage idéologique qui veut que l'Europe soit responsable des excédents agricoles mondiaux ».
Henri Nallet a conclu : « Ne laissons pas faire à l'agriculture française, ce que l'on a fait à l'industrie. Je suis aussi très en colère contre la grande distribution française qui a foutu en l'air les marchés de proximité et les centres de ville. Ce sont des instruments de mise en concurrence non supportables. Les prix agricoles ne peuvent pas tendre vers zéro. »
Un espoir pour les deux débatteurs : que la régulation des matières premières et agricoles soit inscrites dans les engagements du prochain G20.
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mardi 11 janvier 2011 - 09h09
Bravo ; je suis bien d'accord. Une agriculture forte passe par des agriculteurs qui gagnent bien leur vie. Après tout nous acceptons presque sans rien dire d'enrichir à milliards les producteurs de pétrole alors que l'on trouve presque normal, que les agriculteurs qui remplissent une fonction encore plus importante, à savoir de nourrir correctement les autres, puissent vivre en dessous des revenus minimaux (en ayant en plus investi des sommes folles pour créer leur poste de travail! )