En décembre dernier, l'opération Récup'pneus a permis de récolter 210 tonnes de pneus usagés auprès de vingt-six exploitations situées sur le territoire de la communauté de communes de Brocéliande (Ille-et-Vilaine).
« L'idée a été émise par un élu agriculteur en commission environnementale, explique Jacques Guillemot, maire de Maxent, vice-président de la communauté de communes en charge de l'environnement. Nous avons lancé une enquête auprès des agriculteurs en activité et des retraités, pour connaître le gisement. Trente-trois exploitants ont répondu pour un stock estimé à 145 tonnes. »
Véritable verrue dans le paysage agricole, les pneus utilisés pour recouvrir les silos d'ensilage posent de nombreux problèmes lorsqu'ils vieillissent.
« Au fil du temps, ils se désagrègent, avec le risque de retrouver des corps étrangers dans l'alimentation des vaches », confirme Olivier Dahyot, éleveur laitier à Saint-Thurial (Ille-et-Vilaine), qui a déjà connu ce souci.
« De plus, leur mise en place est longue et pénible », estime le jeune agriculteur installé à titre individuel. Et il n'est pas rare d'y trouver des nids de guêpes. »
Progressivement, les vieux pneus s'entassent sur les exploitations et font place à de nouveaux procédés (toile de protection et « sacs silo »).
Olivier n'a donc pas hésité quand l'opération Récup'pneus a été lancée : « J'ai rempli six remorques avec plus de 17 tonnes de pneus. » La prestation lui sera facturée 516 euros, soit 35,64 € TTC par tonne collectée.
« Cela représente 20 % du coût, la communauté ayant pris le reste à sa charge », indique Jean-Claude Gervais, technicien à la communauté de communes. Après appel d'offres, la communauté a retenu l'entreprise SBVPU (Société de broyage et de valorisation de pneumatiques usagés) de Locoal-Mendon (Morbihan), qui a proposé la meilleure prestation (178,2 €/t collectée, contre 300 € pour les plus chères).
Elle dispose d'une filière de valorisation. Les pneus usagés sont broyés et recyclés comme remblai de routes ou pour construire des bassins de rétention des eaux pluviales. « L'agriculture n'est pas, en principe, un domaine d'intervention de la communauté de communes, mais l'environnement oui. Ces pneus sont facteurs de pollution à tous niveaux. Longtemps, l'agriculture a servi d'exutoire pour ces déchets. Aujourd'hui, il est normal d'aider à les éliminer », confie Jacques Guillemot.
Une filière à créer L'opération Récup'pneus de Brocéliande est une première en Bretagne. « La demande des agriculteurs pour déstocker leurs pneus usagés est de plus en plus importante, confirme Anne-Bénédicte Martinot, de la chambre d'agriculture de l'Ille-et-Vilaine. Une étude réalisée en 2009 a révélé que le stock de pneus utilisés s'élevait à 45.200 t, dont 20.400 t en attente de solution. 85 % des agriculteurs sont intéressés par la mise en place d'une collecte. » La chambre d'agriculture voudrait monter une opération départementale. Elle travaille avec les réseaux agricoles (Geda, Cuma, Ceta...) et recherche des financeurs. |