La Confédération paysanne a annoncé une « victoire », jeudi, au neuvième jour de l'occupation de la Maison du lait, pour revendiquer de pouvoir siéger au sein de l'interprofession laitière.
Assignée à compraître par le Cniel (interprofession laitière) au palais de justice de Paris, le juge n'a ordonné « ni astreinte, ni expulsion » de la Confédération paysanne, mais une « médiation » avec le Cniel.
Un médiateur a été nommé pour tenter de trouver une solution au litige avant le 29 septembre 2010. Roger Beauvois a pour mission « d'entendre les parties, confronter leurs points de vue et rechercher les termes d'une solution convenue et amiable du litige, notamment en recherchant les modalités d'expression du mouvement initié par la Confédération paysanne compatibles avec un usage normal de l'immeuble », selon l'ordonnance de référé.
« Le résultat provisoire de cette assignation en référé renforce la certitude de la Confédération paysanne de la légitimité de sa revendication », déclare-t-elle.
« L'occupation de la Maison du lait se poursuit, s'amplifie ; les soutiens aussi », ajoute le syndicat, qui veut croire que « le respect du pluralisme syndical finira par s'imposer ».
La présidente socialiste de la région Poitou-Charentes, Ségolène Royal, s'est d'ailleurs rendue jeudi après-midi à la Maison du lait pour affirmer son soutien aux militants de la Confédération paysanne. « Ici, à la Maison du lait les éleveurs sont chez eux et il n'y a chapitre que pour le syndicat majoritaire, proche du pouvoir, proche de l'UMP. Ce n'est pas acceptable », a-t-elle déclaré.
La Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL, association spécialisée de la FNSEA), qui représente les producteurs au sein de l'interprofession laitière, a de son côté précisé sa position, dans un communiqué.
Au sujet de l'exigence de démocratie mise en avant par la Confédération paysanne, la FNPL répond que « la démocratie, c'est d'abord le respect de la loi et le respect du fait majoritaire. La démocratie, ce n'est pas vouloir imposer par la force une opinion, toute respectable qu'elle soit, d'autant plus quand elle est minoritaire ».
Le Cniel, constitué par la FNPL, la FNCL (coopératives laitières) et la FNIL (industriels laitiers privés) « est un lieu de construction fragile où la règle de l'unanimité est le préalable à la mise en œuvre des actions collectives décidées par les trois fédérations. L'homologation par les pouvoirs publics de ses actions démontre la reconnaissance de leur intérêt collectif », poursuit la FNPL.
« Le Cniel ne peut être un lieu de concurrence et de surenchère syndicale ni un lieu où se crée le rapport de force entre les acteurs », estime-t-elle.
« La FNPL reste cependant attachée à ce que les différentes sensibilités de producteurs puissent échanger et, si c'est possible, rallier des positions communes. Le monde de la production en sera d'autant plus fort », poursuit-elle.
« La FNPL souhaite, plus que jamais, dans le contexte laitier bouleversé actuel, que ces échanges entre producteurs puissent avoir lieu. Elle renouvelle ses propositions aux autres syndicats d'organiser conjointement des rencontres structurées et formalisées pour élaborer et partager la politique laitière de demain », conclut-elle.
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