Le collectif « Touche pas à mon panneau solaire », qui regroupe quelque 3.700 acteurs de la filière, dont de nombreuses PME, va déposer plainte contre EDF devant la Commission européenne pour pratiques anticoncurrentielles, a-t-il annoncé.
« Le groupe EDF est au cœur de la politique énergétique de la France avec de gros conflits d'intérêts entre les filiales chargées notamment des réseaux de distribution et EDF Agence obligation d'achat (EDF AOA), qui achète, au tarif fixé par les pouvoirs publics, l'électricité produite par les panneaux solaires », a souligné la porte-parole du collectif, Ariane Vennin.
Le collectif déposera sa plainte vendredi devant la direction générale de la concurrence de la Commission européenne, a-t-elle précisé.
La filière solaire française est frappée depuis décembre par un moratoire du gouvernement de trois mois sur tous les projets, de plus de 3 kW, et qui suspend l'obligation pour EDF de racheter l'énergie solaire aux conditions tarifaires actuelles.
En décembre, la file d'attente des dossiers de demande de raccordement au réseau EDF avait atteint plus de 5.000 mégawatts (MW).
Selon Ariane Vennin, « EDF EN (énergies nouvelles) est le plus gros spéculateur avec 82 % des projets de grosse puissance et 50 % des projets de moyenne puissance dans la file d'attente », ce qui constitue un conflit d'intérêt, estime-t-elle.
Une seconde plainte sera déposée, également vendredi, devant la direction générale de l'environnement de la Commission européenne pour manquement de l'Etat à ses obligations en matière d'énergies renouvelables.
« En coupant les ailes du photovoltaïque, la France se met dans l'incapacité de remplir ses obligations en matière d'énergies renouvelables », selon la porte-parole. Dans le cadre du Grenelle de l'environnement, et du paquet climat-énergie européen le gouvernement a promis de faire passer à 23 % la part des énergies renouvelables consommées en France en 2020.
« Sur l'hydraulique, on plafonne en termes de capacité de production à 12 %. L'éolien terrestre est en panne compte tenu des contraintes réglementaires, et l'éolien en mer est une belle promesse de 3.000 MW mais c'est aussi de l'enfumage parce qu'en 2015 on n'aura toujours rien », a déclaré Ariane Vennin.
Le collectif et plusieurs ONG et syndicats appellent, par ailleurs, à manifester vendredi à Paris contre « l'arrêt de mort » de la filière du photovoltaïque.
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