La crise économique et financière mondiale affecte l'agriculture européenne, au moins à court terme, et les prévisions à moyen terme publiées mardi par Bruxelles sont plutôt en demi-teinte. Le revenu agricole par actif progresserait de 7,5% entre 2007, qui a été une bonne année, et 2015.
Mais les gains se concentreraient dans les douze Etats membres entrés récemment dans l'UE. La croissance du revenu atteindrait près de 50%, sur la période, dans ces pays, avec un effet de la baisse du nombre d'actifs et de la hausse progressive des subventions qui leur sont allouées.
Pour les quinze anciens Etats membres, la Commission européenne prévoit une baisse du revenu agricole par actif de près de 3% entre 2007 et 2015.
A court terme, la crise économique pèse sur les prix. La demande en produits à haute valeur ajoutée, particulièrement les viandes et le lait est affectée, avec des effets sur la demande en matières premières pour l'alimentation animale. La baisse du pétrole n'est également pas favorable à la demande des filières bioénergétiques.
Le secteur laitier serait plus particulièrement affecté, selon Bruxelles. La forte baisse des prix des produits industriels en 2008 devrait entraîner une réduction sensible des prix payés aux producteurs en 2009. Des mesures de gestion du marché (intervention et restitutions à l'exportation) seraient nécessaires, selon la Commission, qui s'attend également à une contraction des volumes produits.
Une reprise progressive des marchés agricoles pourrait ensuite intervenir, favorisée par un rebond de l'économie mondiale, la hausse de la demande mondiale pour l'alimentation et le développement des biocarburants.
Pour les céréales et les oléagineux, les prix resteraient volatils, mais se situeraient, à moyen terme, à un niveau supérieur à celui de la décennie précédente. Le marché des oléagineux serait soutenu par la conjoncture mondiale dans ce secteur et par la demande de la filière biodiesel, dans l'UE.
Pour les viandes, la Commission prévoit une croissance de la production et de la comsommation de volailles et de porc. Pour les bovins et les ovins, la production reculerait et la position d'exportateur net de l'UE dans ce domaine pourrait s'éroder peu à peu.
Bruxelles souligne que ces prévisions sont soumises à une grande incertitude concernant le contexte économique international. Par ailleurs, elles ne tiennent pas compte d'un accord qui interviendrait dans le cadre du cycle de négociations de Doha à l'OMC.