Plusieurs organisations paysannes bretonnes se disaient déçues le jeudi 5 décembre 2013 par le pacte d'avenir présenté par le gouvernement, exigeant que Paris lutte en priorité contre le dumping social en Europe et s'engage dans une véritable simplification administrative.
« Si le pacte d'avenir c'est un trophée qu'on met sur la cheminée, ça ne nous convient pas du tout », a déclaré à l'AFP Thierry Coué, président de la FRSEA Bretagne, au lendemain de la publication du document qui détaille près de 2 milliards d'euros d'aide à l'économie locale, en proie à une grave crise de son secteur agroalimentaire.
M. Coué a réclamé un « changement d'état d'esprit » de la part de l'Etat, qui doit être « un facilitateur économique, pas un bloqueur comme il l'est aujourd'hui ». L'Etat doit simplifier les normes administratives pour l'agriculture, a-t-il ajouté, donnant en exemple les trois ou quatre ans nécessaires pour recueillir les autorisations afin de mettre en place un dispositif de méthanisation, contre six à huit mois selon lui en Allemagne.
Jacques Jaouen, président de la chambre d'agriculture de la Bretagne, a rappelé que son organisme avait réclamé la suppression de l'écotaxe, une simplification administrative et l'étiquetage des produits français. « On a posé ces trois questions-là en disant : “Il faut que vous nous donniez vos réponses par rapport à ça”, on les attend toujours », a-t-il regretté.
« Ça ne coûte pas d'argent, c'est des décisions qui appartiennent à l'Etat français, il suffit de les prendre », a-t-il dit.
Michel Bloc'h, président de l'Union des groupements de producteurs de viande de Bretagne (UGPVB), a regretté que le pacte d'avenir n'évoque pas la question du dumping social, accusant les abattoirs allemands d'exploiter de la main-d'oeuvre étrangère à bas coût.
« Il faut que les politiques s'attaquent beaucoup plus fortement à ce problème qui est en train de tout laminer par le bas », a-t-il martelé. « C'est à vous dégoûter d'être Européen, c'est inacceptable », a ajouté M. Bloc'h, disant ne pas s'attendre à l'instauration d'un Smic dans l'agroalimentaire en Allemagne avant quatre ans. « S'il faut attendre 2017, il y aura encore des exploitations qui vont crever et des salariés de l'agroalimentaire qui vont perdre leur boulot », a-t-il averti.