«Le bilan de santé de la Pac ne doit pas être une accumulation de petits réglages mais un virage à 180 degrés», a déclaré François Lucas, président de la Coordination rurale (CR), mercredi lors de la conférence de rentrée du syndicat.
«Il y a un an, a rappelé le syndicat, le président de la République appelait de ses vœux une véritable refondation de la Pac fondée sur la préférence communautaire et la fin de l’asservissement à l’OMC». Mais pour la CR, «les gros espoirs ont fait place à la déception».
«La France a été trop timorée, et sans doute pas convaincue elle-même de ce que doit être une politique agricole», a laché François Lucas. Pour ce dernier, il est aussi regrettable que «l'Europe reste soumise à la logique de l'OMC».
Le syndicat se dit aujourd'hui «très inquiet» au regard des discussions sur la Pac d'après 2013.
Il dénonce deux carences majeures dans le document préparatoire à la rencontre informelle des ministres européens de l'Agriculture, qui aura lieu à Annecy les 21 et 22 septembre. La première concerne la souveraineté alimentaire et plus particulièrement l'absence de volonté de réduire la dépendance en oléoprotéagineux de l'Europe. La seconde porte sur la nécessité de l'autonomie énergétique de l'agriculture. «Comment avec une absence de pétrole, ou un pétrole trop cher, l'agriculture européenne va continuer à nourrir l'Europe», s'est demandé le président.
Outre ses souhaits pour la Pac du XXIe siècle, la Coordination rurale a rappelé que débutera au début d'octobre l'examen par le tribunal correctionnel de Paris de «l'affaire Unigrains».
Ce dossier concerne le Fonds de solidarité céréaliers-éleveurs, mis en place par l'établissement financier Unigrains et la FNSEA. A l'origine de la plainte, la Coordination rurale dénonce «une accumulation de fonds non justifiés». «Nous attendons que la vérité soit faite pour les agriculteurs qui ont subi des prélèvements inutiles sur leur travail», a lancé François Lucas.
En face, la FNSEA assure que toutes les opérations étaient faites de manière transparente et sous le contrôle de l'Etat.
Le président de la Coordination rurale a tenu à rappeler que l'objectif n'était pas de faire condamner la FNSEA, mais de «rendre moins opaque le fonctionnement des organismes professionnels, en particulier en ce qui concerne les cotisations volontaires obligatoires et les cotisations syndicales».
«Il n'est toujours pas possible aujourd'hui d'avoir connaissance de l'utilisation des fonds par Unigrains, souligne François Lucas. Nous voulons que tous les ans et de manière publique soit présenté un bilan des sommes perçues et des actions menées.»
Enfin, la CR annonce qu'elle participera aux élections prud’homales du 3 décembre prochain, «afin de répondre aux attentes de l’ensemble des agriculteurs employeurs de main-d’œuvre».