Venus s'informer sur la politique de développement rural dans la Pac post-2014, les participants au colloque organisé par la Confédération paysanne dans le Larzac, les 12 et 13 novembre 2013, n'avaient pas la langue dans leur poche.
Après avoir exposé les grandes lignes de la programmation 2015-2020, Luc Maurer, représentant le ministère de l'Agriculture, a tenté de rassurer les agriculteurs et représentants professionnels sur les priorités du gouvernement et les moyens disponibles.
Les priorités sont au nombre de quatre : compétitivité (liée à la double performance écologique et économique), emploi, ancrage territorial et diversité des productions et enfin, renouvellement des générations. Avec une enveloppe en augmentation, il y a bien un budget en face, a assuré Luc Maurer. Et les régions qui disposeront de marges de manœuvre accrues pourront mieux cibler leurs priorités.
Oui mais voilà : la double performance ne satisfait pas la Confédération paysanne, qui veut passer à la triple performance incluant l'aspect social.
« Les marges de manœuvre régionales correspondent seulement à 15 % au maximum de l'enveloppe des aides », a estimé José Bové, qui a par ailleurs regretté que le plafonnement des aides directes n'ait pas été retenu pour permettre d'abonder un peu plus l'enveloppe de soutiens au développement rural.
Enfin, le fléchage de ces soutiens n'est pas en phase avec le modèle de l'agriculture paysanne, a regretté le porte-parole de la Confédération paysanne Laurent Pinatel, qui estime que les critères d'attribution des aides encouragent plutôt l'agrandissement des exploitations.
Quid des petits exploitants, des cotisants solidaires, des éleveurs de petits ruminants, et des jeunes qui n'arrivent pas à s'installer parce que des « gros » agriculteurs utilisent leurs aides Pac pour racheter toutes les terres disponibles, ont de leur côté interrogé plusieurs participants.
Concernant les MAE (mesures agroenvironnementales), les participants avaient aussi leur lot de critiques. Beaucoup ont regretté la complexité administrative des MAE et le fait qu'avec des enveloppes non extensibles, les premiers arrivés sont les premiers servis. « Et ce sont toujours les mêmes », ont-ils indiqué sans citer nommément le syndicat majoritaire.
Sans compter que les MAE collent parfois une étiquette « environnementale » sur des mesures de simple bon sens agronomique, comme la rotation, ont relevé quelques agriculteurs.
Déçue par les arbitrages français sur les aides directes (premier pilier de la Pac), la Confédération paysanne craint aujourd'hui que le second pilier (développement rural) ne suffise pas à faire passer la pilule. Et même si l'enveloppe de mesures agroenvironnementales est doublée, elle craint qu'il ne s'agisse que d'un alibi vert pour une « politique de développement rural » plutôt axée sur l'agro-industrie.