La Coordination européenne Via Campesina (ECVC), dont la Confédération paysanne et le Modef sont membres, a clôturé jeudi à Bruxelles sa conférence internationale sur la Pac après 2013, qui a rassemblé près de 200 participants.
Pour elle, la future Pac doit « répondre vraiment aux défis sociaux, environnementaux et internationaux ». Et cela ne pourra se faire sans :
- un revenu agricole fondé sur des prix justes qui tiennent compte des coûts d'une production durable sur le plan social et environnemental ;
- une régulation publique de la production et des marchés agricoles européens ;
- un changement des règles actuelles du commerce agricole international ;
- la transparence dans la chaîne alimentaire ;
- des normes de qualité et de sûreté alimentaire adaptées aux circuits de proximité et aux petites fermes ;
- une agriculture et une production alimentaire européenne sans OGM ;
- des droits identiques pour les paysannes et les paysans.
« La Pac doit permettre la coexistence de différents types d'agriculture dans un cadre stable et prévisible, qui permette des investissements sur le long terme », a affirmé Sabine Laruelle, la ministre belge de l'Agriculture, à la tête jusqu'à la fin de l'année du Conseil européen. « La réforme de la Pac doit viser la rencontre de deux publics cibles : les agriculteurs européens et les citoyens/consommateurs », a renchéri Geneviève Savigny, représentante d'ECVC.
Jean-Christophe Kroll, professeur Agrosup Dijon, est intervenu. Selon lui, « des outils publics de pilotage du marché domestique sont nécessaires pour se protéger contre la fluctuation des prix des transactions internationales. Le soutien et la stabilisation des prix agricoles sont indispensables pour sécuriser les investissements pour une agriculture durable ».
Pour Luis Capoulas Santos, député européen, « une position idéaliste est inutile face à la réalité politique des 27 Etats membres, au Conseil et au Parlement. La question clef, c'est le budget de la Pac, et il va être difficile de maintenir ce budget au niveau actuel. Il va falloir se battre pour une Pac plus juste et équitable entre Etats membres, Régions et agriculteurs et aussi pour une Pac légitime aux yeux des contribuables et le citoyen européen. Il faudra donc cibler les aides sur des critères environnementaux et sociaux, et introduire de la discrimination positive pour certains secteurs comme l'agriculture familiale et l'agriculture biologique ».
« L'agriculture n'est pas seulement une marchandise, a affirmé Dacian Ciolos, le commissaire européen à l'Agriculture. Nous devons assurer plus de durabilité et plus de diversité à l'agriculture de demain. Si la consommation interne représente 90 % de la production alimentaire européenne, l'ouverture des marchés est un fait. La Pac doit soutenir ceux qui intègrent les objectifs alimentaires, territoriaux et environnementaux et il faut un soutien simple pour les petites exploitations et les circuits courts. Les petites exploitations peuvent être aussi compétitives que d'autres. Dès lors que des agriculteurs arrivent à vivre de leur production, alors cela suggère que leurs exploitations sont compétitives, qu'elles soient de petite, moyenne ou grande taille. »