Parce que la citoyenneté s'exprime aussi à table, particulièrement dans notre pays, le thème « Alimentation et citoyenneté » a été retenu pour l'Open agrifood qui attend 2 000 visiteurs les 18 et 19 novembre à Orléans. Pour la deuxième année, ces deux journées réuniront « tous les acteurs qui gravitent autour de l'alimentation, du semencier aux associations de consommateurs », a expliqué la directrice de l'évènement, Florence Dupraz, en conférence jeudi.
Dès qu'il est question de citoyenneté, le patriotisme s'invite souvent dans les débats. Or en matière de patriotisme économique, les Français sont mitigés. A peine plus de la majorité (52 %) se disent attentifs à l'origine des produits et services (tous secteurs confondus) qu'ils consomment, selon un sondage Ifop réalisé en septembre. En revanche, ce taux grimpe à 89 % dès qu'il s'agit de produits alimentaires : 39 % jugent le critère « pays d'origine » comme « très important », et 50 % comme « assez important ». Selon Jérôme Fourquet, de l'Ifop, « d'autres sondages montrent que cela repose surtout sur des préoccupations en termes de santé et nutrition ».
Les Français sont-ils pour autant prêts à payer plus cher pour garantir un revenu décent aux agriculteurs ? Pas tous. 37 % seraient prêts à payer 5 % plus cher, 15 % iraient jusqu'à 10 % et 3 % pourraient payer plus de 15 % plus cher. Mais 45 % des Français ne desserreront pas les cordons de leur bourse. « Malgré la cote d'amour exceptionnelle des agriculteurs dans la population, le fait de garantir un revenu décent aux agriculteurs est un levier moins fort que l'aspect nutrition-santé-environnement pour favoriser le patriotisme alimentaire », analyse Jérôme Fourquet.
Faire émerger des solutions pour mieux répondre aux attentes des consommateurs
D'autre part, la bonne volonté des français ne suffit pas, puisque 40 % disent avoir du mal à identifier l'origine France dans les lieux de vente habituels, un taux qui monte à 79 % pour l'offre en restauration collective et 82 % en restauration hors foyer (restaurants, sandwicheries,...).
La manifestation d'Orléans, si elle ne s'adresse pas au grand public, vise à faire émerger des solutions pour mieux répondre aux attentes des consommateurs et engager le modèle agroalimentaire français dans une démarche de progrès.
Pour l'écrivain et spécialiste des matières premières Erik Orsenna, président d'honneur de l'Open agrifood Initiatives, l'enjeu est aussi d'enrayer la « dérive des continents entre la France des métropoles et la campagne ». Une campagne « dynamique » qu'il ne supporte plus de voir montrée sous l'angle nostalgique, invitant largement à se rendre à Orléans au rendez-vous de la « France qui se bouge ».
La manifestation donnera aussi l'occasion à 400 acteurs majeurs de la chaîne agroalimentaire de réfléchir ensemble aux leviers à actionner pour réduire les émissions de gaz à effet de serre associées à l'alimentation, donnant lieu à la rédaction d'une « note blanche » pour la COP21. Les participants à cette séance seront aussi amenés à s'engager sur des projets élaborés par l'Open agrifood Inititatives : des idées allant d'un jeu pédagogique sur la filière et ses métiers à une plate-forme multi-services pour salariés en milieu périurbain et rural, en passant par une plate-forme de start-up agroalimentaires....